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5) Amour de la vérité et haine de l’erreur chez Mgr Lefebvre

par | Avr 22, 2013 | Amour de la Vérité

Ces caricatures furent réalisées à la demande de Mgr Lefebvre en réaction à la première réunion oecuménique d’Assise en 1986

Nous avons vu qu’à la racine du libéralisme on trouve un manque de courage pour condamner l’erreur. Le libéralisme a pénétré officiellement dans l’Église par le droit à liberté religieuse. Mgr Lefebvre n’a pas ménagé sa peine pour lutter contre cette erreur fondamentale du concile. Parmi ses nombreuses conférences, celle donnée à Annecy le 27 septembre 1987 mérite une attention particulière.
Pour Mgr Lefebvre, les « textes du Concile » viennent du « problème du libéralisme ». Il remarquait que la crise évoluait de « manière toujours plus grave et tragique » mais que « les raisons profondes de notre combat » étaient « assez délicates à définir et à saisir pour des personnes qui ne sont pas accoutumées au langage philosophique ou théologique. » Pour pallier à cette difficulté Mgr Lefebvre a écrit un livre : « Ils L’ont découronné. »
« Je pense que le titre lui-même est suffisamment significatif :

« Ils L’ont découronné ». Qui, « ils » ? : Les hommes d’Eglise. Mesdames, Messieurs. Les hommes d’Eglise ont découronné qui ? : Ils ont découronné Notre Seigneur Jésus-Christ. Oui, Notre Seigneur Jésus-Christ. Et ceci est très grave. […] La raison profonde de notre résistance, ce n’est pas une question de latin, ce n’est pas une question de soutane, ce n’est pas une question d’un rite secondaire de la liturgie. C’est une question de Foi. C’est la Foi en la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ. qui est en cause. Et ceci est pour nous capital. »

Ensuite il rappelait sa dernière conversation avec le Cardinal Ratzinger sur le problème de la liberté religieuse où il y avait désaccord complet sur la manière de la définir : 

« J’ai dit au Cardinal : Voyez, même si vous étiez disposé à nous apporter beaucoup de choses, – beaucoup de privilèges, d’une certaine manière -, privilège de dire l’ancienne messe, privilège de garder les livres du Pape Jean XXIII de 1962, si vous accordiez de pouvoir continuer nos séminaires, eh bien nous pourrions quand même difficilement collaborer. Très difficilement. Parce que nous n’avons plus la même orientation : vous, depuis le Concile Vatican II, vous êtes pour la diminution du règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ. Vous voulez déchristianiser la société civile, déchristianiser l’Etat (et c’est ce qu’ils ont fait en réalité). […] le Cardinal Ratzinger m’a dit : Mais, Monseigneur, enfin, les sociétés ne doivent pas être catholiques, elles ne doivent pas avoir de religion. Parce que ce ne sont pas des créatures du Bon Dieu comme la Famille. Alors, elles ne doivent pas avoir de religion. Non ! Non ! La société est incompétente en matière de religion. Il m’a dit : Incompétente en matière de religion. »

Mgr Lefebvre rappelle alors quinze siècles de pratique de l’Eglise, depuis Constantin, jusqu’à la Révolution Française où les Papes n’ont cessé de demander, aux princes, aux rois, aux chefs d’Etat, de tout faire pour protéger la Foi de leurs concitoyens contre l’invasion de l’incrédulité, de l’athéisme, des sectes et de toutes les erreurs. Le Cardinal répondit :

« Ah oui ! Mais ça c’étaient des circonstances particulières. Maintenant nous nous référons à l’Evangile. »« Comme si l’Evangile était contraire à la Royauté de Notre Seigneur. Invraisemblable, s’écrie Mgr Lefebvre. Ils veulent la déchristianisation des sociétés. Mais ça, c’est maçonnique, c’est le principe maçonnique. […] Et en plus de cette déchristianisation de la société, maintenant, il y a la déchristianisation de la conscience. […] la conscience est libre. Chacun a sa conscience. Donc chacun peut avoir sa religion. Il faut respecter la conscience de chacun. Vous voulez la religion bouddhiste ? C’est très bien. Vous voulez la religion musulmane ? C’est parfait. Vous voulez la religion chrétienne. C’est encore bien, et ainsi de suite. Chacun a sa religion, personne n’a rien à dire. […] La [vraie] liberté religieuse est la liberté de la pratique et de l’exercice de la vraie religion dans la société civile. Ce n’est pas la liberté de toutes les religions, de toutes les idées, liberté de pensée, liberté de morale. C’est tout à fait différent. Nous sommes donc en plein libéralisme. C’est très, très grave.
Voyez, c’est ça qui attaque notre Foi. Notre Seigneur est découronné. Je vous assure que le terme n’est pas trop fort. Il est découronné par qui? Encore une fois, découronné par les hommes d’Eglise, par nos évêques, par Rome. Il faut dire les choses comme elles sont. […] il n’y a que Notre Seigneur Jésus-Christ qui est Dieu. On ne peut tout de même pas tergiverser là-dessus. Quand nous allons mourir, qui est-ce qui va nous juger ? Qui est-ce qui va nous recevoir ? Qui est-ce qu va nous condamner ? Notre Seigneur Jésus-Christ […] Mais alors, à Rome ? On ne comprend plus rien de ce qui s’y passe. C’est un grand mystère, grand mystère. Un mystère vraiment insondable. […] On ne peut pas vivre dans cette atmosphère d’équivoques et d’ambiguïtés. Et tout ça a été voulu pour inaugurer une nouvelle attitude de l’Eglise. Cette « attitude œcuménique », c’est absolument incompréhensible. Ce n’est plus l’attitude missionnaire. C’est ça qui est très grave, parce que ça ruine l’esprit missionnaire de l’Eglise. »

Pour Mgr Lefebvre nous sommes face à « une nouvelle Eglise » avec « de nouveaux principes, qui sont contraires aux principes traditionnels de l’Eglise. » Les « libéraux ont triomphé » au Concile Vatican II. « Ils ont gagné, ils ont pris les places de commandement ». Et le libéralisme triomphant,

« c’est la compromission avec la Franc-maçonnerie, la compromission avec tout, avec le socialisme, avec le communisme, avec toutes ces erreurs. On va faire des compromis, on ne va plus lutter. »
« L’Eglise est aujourd’hui atteinte du Sida […] ça enlève toutes les forces de réaction dans l’organisme contre les différentes maladies qui nous attaquent tous les jours. […] le Sida est une disparition de ce qui fait cette résistance du corps à la maladie. Alors le corps se décompose, en somme. Il n’y a plus de résistance. […] 
Alors l’Eglise se corrompt tout doucement. L’Eglise se dissout. […] le corps se dissout. C’est une situation très très grave. »

Mgr Lefebvre fait ensuite remarquer que « pendant le Concile, nous avons résisté, à 250 ». Et puis le temps passant, « nous sommes restés pratiquement deux, Mgr de Castro Mayer et moi-même, à résister. »

Ces caricatures furent réalisées à la demande de Mgr Lefebvre en réaction à la première réunion oecuménique d’Assise de 1986

« Pour ceux qui veulent savoir les raisons profondes de notre combat actuel et des difficultés que nous avons avec Rome, les difficultés doctrinales, j’insiste, eh bien ! qu’ils lisent le livre « Ils L’ont découronné », sur le libéralisme. […] Moi, personnellement, je n’ai rien, rien changé dans la doctrine, dans la liturgie. […] Dans la mesure où le Pape ne garde pas notre Foi, ne vient pas au secours de notre Foi, je ne peux pas le suivre. […] On dit qu’il faut faire de l’œcuménisme et puis fraterniser avec toutes les religions, faire comme si toutes les religions se ressemblaient etc. Ce n’est pas possible. Nous perdons la Foi. Ce n’est pas possible. On veut empoisonner notre Foi ? Nous ne sommes pas d’accord. Nous voulons garder la Foi, même si c’est le Pape qui encourage dans cette voie-là. « Mais le Pape est infaillible ! Dans certaines circonstances bien précises, oui, […] Mais il peut très bien faire une Pastorale qui conduise à l’Apostasie. […] Si le Bon Dieu a prévu dans l’Apocalypse qu’il y aurait une apostasie générale et que dans l’Evangile de Saint Luc, Notre Seigneur le dit Lui-même : « Quand le Seigneur reviendra, trouvera-t-il encore la Foi sur la terre ? » Paroles prononcées par N.S.. C’est dans l’Evangile de Saint Luc. « Quand Notre Seigneur reviendra sur la Terre, trouvera-t-il encore la Foi sur la terre ? Pour que cette Foi disparaisse, pour que nous ayons cette apostasie générale, il faut que Rome soit ébranlée. Si Rome n’était pas ébranlée. Si le Pape était toujours ferme. Si tout Rome, dans tous ses organismes, – je dirais « romains » -, si les Romains restaient fermes dans la Foi, la Foi ne disparaîtrait pas. […] Les martyrs ont donné leur sang pour garder la Foi et nous, nous n’avons pas encore donné notre sang. Nous pouvons donner notre activité, nos prières, nos sacrifices, notre dévouement pour la cause de la Foi. »

(à suivre) Abbé Olivier Rioult