Des personnes « plus ou moins traditionalistes » demandaient à Mgr Lefebvre : « Comment n’arrivez-vous pas à vous entendre avec un pape comme celui-là [Jean-Paul II] ? Il est pieux, zélé, aimable… On ne comprend pas comment vous ne profitez pas de ce moment pour arranger les choses avec le pape ! » Mgr Lefebvre répondait à cela :
« Il faut tout de même analyser la situation telle qu’elle est et pas seulement se laisser prendre par cet extérieur du pape. Le pape continue-t-il, oui ou non, le Concile Vatican II ? Quelle est l’attitude du pape par rapport à ses prédécesseurs qui ont provoqué l’auto démolition de l’Eglise ? C’est cela qu’il est important de savoir. Est-ce qu’il est persuadé que sa vocation, comme pape, est de continuer le Concile Vatican II ? »[1]
Et à la fin de sa vie, Mgr Lefebvre nous écrivait :
« Seraient-ils des saints, dès lors qu’ils admettent la fausse liberté religieuse, donc l’Etat laïque, le faux oecuménisme, donc l’admission de plusieurs voies de salut, la réforme liturgique, donc la négation pratique du sacrifice de la Messe, les nouveaux catéchismes avec toutes leurs erreurs et hérésies, ils contribuent officiellement à la révolution dans l’Eglise et à sa destruction. » (Mgr Lefebvre, Itinéraire spirituel)
C’est à l’aune de ces principes qu’il fallait juger Benoît XVI et qu’il faut juger François. Et dans les deux cas la réponse est évidente. Mais pour ceux qui trouveraient cette conclusion hâtive, nous allons expliciter les choses.
Mgr Lefebvre a montré que la réforme conciliaire a « protestantisé » la liturgie catholique. Et « c’est une chose absolument abominable de soumettre ce que l’Eglise a de plus précieux, la messe, aux idées protestantes. »[2] Or cette chose « abominable » a été codifiée par Benoît XVI faisant de la messe bâtarde de Paul VI le « rite ordinaire » de l’Eglise conciliaire.
Le Nouveau Droit Canon, aux dires de Jean-Paul II, est « un effort pour mettre en langage canonique la nouvelle ecclésiologie du Concile Vatican II. » Mgr Lefebvre s’étonnait : « On se demande si on lit bien !… Est-il possible que l’Eglise puisse avoir une nouvelle ecclésiologie ? Et oui, cette nouvelle ecclésiologie, c’est ni plus ni moins que l’ecclésiologie adaptée aux principes protestants ! (Laïcisation du sacerdoce par la nouvelle définition du peuple de Dieu) »[3] Or c’est ce Nouveau Droit Canon qui règle la vie de l’Eglise conciliaire qui a pour chef François.
Mgr Lefebvre pensait que les « faux Droits naturels de l’Homme » sont « une des choses les plus graves du Concile ». « C’est un véritable blasphème que de dire que le droit à la liberté religieuse comme droit naturel se trouve dans l’Ecriture Sainte. C’est invraisemblable. C’est blasphématoire !… »[4] Rappelons-nous que pour Benoît XVI la « liberté religieuse » est « un droit naturel ».
Mgr Lefebvre parlait aussi de « cet abominable œcuménisme » qui n’est « que le moyen de faire pénétrer les idées libérales à l’intérieur de l’Eglise. […] Dès lors qu’on admet la liberté religieuse, principe qui est admis dans la déclaration des Droits de l’Homme, on admet aussi toutes les autres libertés qui conduisent à l’anarchie, à la destruction de l’Eglise et de toute la loi naturelle. » Tout cela vient des « principes maçonniques qui veulent détruire tous vestiges de Dieu sur la terre. C’est pourquoi ce monde va vers sa perte. […] Il ne faut pas croire que parce que nous assistons à quelques mesures et rappels qui sont plus conformes à l’esprit traditionnel que le combat est terminé ! »[5]
Mgr Lefebvre nous mettait donc en garde :
« Le pape est très habile… de temps en temps il fait quelque chose qui semble très traditionnel et le lendemain, il dit au sultan du Maroc : – ‘Nous adorons le même Dieu !’… Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?… Le vrai, le faux ; le traditionnel, le moderne, etc. et constamment, constamment… Il n’y a rien qui démolisse l’Eglise comme ça ! Et qui démolit la foi des catholiques. »[6]
Pour Mgr Lefebvre, ces rassemblements interreligieux du style d’Assise fait au nom des principes nouveaux de Vatican II :
« C’est diabolique. C’est diabolique. […] Alors, quel est ce pape ?… Moi, je ne sais plus quoi vous dire, vraiment… je ne sais pas… Mais en tout cas il est inspiré par le diable quand il fait ça… Il n’est pas inspiré par l’Esprit-Saint, ce n’est pas possible… Il est inspiré par le diable, et au service de la Maçonnerie, c’est évident. La Maçonnerie a toujours rêvé de ça : la réunion de toutes les religions. »[7]
Mais pour François :
« Grâce à l’Esprit du Concile, l’Église s’est ouverte au monde, mais de nombreux pas doivent encore être accomplis. […] Quelques voix demandent à retourner en arrière. Cela s’appelle “être entêté”, cela s’appelle vouloir “apprivoiser l’Esprit-Saint”, cela s’appelle devenir “sot et lent du cœur”. »[8]
Dans un sermon public (30 mars 1986), Mgr Lefebvre, quinze jours avant la visite de Jean-Paul II à la synagogue de Rome (13 avril 1986), déclarait :
« Il est possible que nous soyons dans l’obligation de croire que ce pape n’est pas pape. Je ne veux pas encore le dire d’une manière solennelle et formelle, mais il semble bien, à première vue, qu’il soit impossible qu’un pape soit hérétique publiquement et formellement. Notre Seigneur lui a promis d’être avec lui, de le garder dans la Foi et sans qu’il puisse errer dans la Foi, mais peut-il en même temps être hérétique publiquement et quasiment apostasier ? Voilà un problème qui ne me concerne pas seulement moi, mais qui vous concerne tous. »
Ce « problème qui nous concerne tous » est toujours d’actualité. Benoît XVI a rendu visite trois fois à des synagogues (Cologne 2005, New York 2008, Rome 2010) sans jamais confesser la divinité du Messie et en prenant soin d’omettre le nom béni de Jésus-Christ. Le cardinal Bergoglio a participé le 14 décembre 2012 à la fête juive Hanoukkah, fête symbolisant la résistance spirituelle du judaïsme à l’assimilation grecque, et y a allumé, coiffé de la Kippa, les 7 cierges de la menora. Or, selon saint Thomas, « observer sous le régime de la grâce les prescriptions de la loi mosaïque » est « un péché presque égal à l’idolâtrie, parce que tous deux sont des espèces de la superstition, qui est une faute mortelle ». (2a 2ae q. 94 a. 3 ad 5)
Pour Mgr Lefebvre, Paul VI posait « un sérieux problème à la conscience des catholiques. Comment un successeur de Pierre a pu en si peu de temps causer plus de dommages à l’Église que la Révolution de 89 ? »[9]. Or l’Eglise conciliaire cherche à faire vénérer Paul VI à l’instar des monstrueux Jean XXIII et Jean-Paul II qui, pour Mgr Lefebvre, avait ruiné « la foi catholique, publiquement, en particulier à Assise […]. Que ferait la Sainte Inquisition, si elle existait encore ? »[10]
François, le 20 mars 2013, dans un discours aux représentants des différentes religions, remerciait chaleureusement son schismatique « frère André » (patriarche Bartholomée 1er), louait son vénéré prédécesseur (Benoît XVI), rappelait certaines paroles du « Bienheureux Jean XXIII », adressait aux « distingués représentants du peuple juif » sa confiance « qu’avec l’aide du Très Haut » « le dialogue fraternel que le Concile a souhaité » continue à porter « de bons fruits », il remerciait « cordialement » les musulmans « qui adorent le Dieu unique », et assurait que « l’Eglise catholique » était consciente de « l’importance de la promotion de l’amitié et du respect entre les hommes et les femmes des diverses traditions religieuses ».
Le cardinal Jorge Bergoglio allumant les cierge du chandelier à 7 branches
François représente-il la pensée de l’Eglise catholique ? N’est-ce pas là le discours d’un imposteur ? Dans l’Eglise conciliaire, celle qui reconnaît Vatican II, « tout est nouveau : nouveau code de Droit canonique, nouveau missel, nouvelle ecclésiologie... »
« Ou bien nous sommes les héritiers de l’Église catholique, c’est-à-dire pour le règne de Notre Seigneur ou bien nous sommes les héritiers de ceux qui s’efforcent d’admettre les principes des droits de l’homme, basés sur une véritable apostasie, en vue d’obtenir une présence de serviteurs dans le gouvernement mondial révolutionnaire. Car c’est cela au fond : à force de dire qu’ils sont pour les droits de l’homme, pour la liberté religieuse, la démocratie et l’égalité des hommes, ils auront une place dans le gouvernement mondial, mais ce sera une place de serviteurs. »[11]
Le Commonitorium[12]de Saint Vincent de Lérins enseignait :
« Il appartient aux catholiques de garder le dépôt des saints Pères, de condamner les nouveautés impies et, comme l’a dit et redit l’Apôtre, de jeter l’anathème à celui qui annonce une doctrine différente de celle qui est reçue (Gal, I, 9). Il s’ensuit que tout catholique désireux de prouver qu’il est fils légitime de notre mère l’Église, doit adhérer à la sainte Foi de nos Pères, s’y attacher et y mourir. Il doit aussi détester les nouveautés impies, les haïr, les combattre et les pourchasser. »
C’est pourquoi Rome veut « nous détruire parce que nous représentons » la « Tradition qui les condamne ».
« La Tradition condamne la liberté religieuse, la Tradition condamne cet œcuménisme qui n’est pas catholique, la Tradition condamne les réformes post-conciliaires qui ont été faites. […] Ne soyons pas de ces gens qui nourrissent des espoirs illusoires et qui disent : – Tout va s’arranger, tout va s’arranger… […] c’est depuis des siècles qu’ils préparent ça, depuis des siècles qu’on prépare cet alignement de l’Eglise sur le protestantisme et sur les vérités modernes, sur les Droits de l’Homme, sur toutes ces pensées qui sont contraires à la Tradition de l’Eglise. » (Mgr Lefebvre, Conf. Spirituelle, Ecône, 13-01-1983)
Donc pour être vraiment catholique, il faut anathématiser les nouveautés impies et leurs responsables, sinon c’est pécher par libéralisme :
« Le libéral est un homme qui vénère le Bon Dieu mais qui respecte le diable. Il aspire à l’ordre et il flatte l’anarchie. […] Il est l’homme des concessions à perpétuité. Vous distinguerez d’emblée le libéral à la crainte qu’il a d’être taxé de réactionnaire. En clinique, l’absence de réaction, c’est la mort. »[13]
Or, François en 2013, comme Jean-paul II en 1991, « diffuse sans discontinuer les principes d’une fausse religion qui a pour résultat une apostasie générale. »[14]
« Je crois que véritablement, nous vivons le temps de la préparation à la venue de l’Antéchrist. C’est l’apostasie, c’est le découronnement de Notre Seigneur Jésus-Christ, le nivellement de l’Eglise à égalité des fausses religions. […] On ne peut pas dire que le Pape est apostat, qu’il ait renié officiellement Notre Seigneur Jésus-Christ, mais dans la pratique, c’est quand même l’apostasie. » (Mgr Lefebvre, Fideliter N° 59. Sept.-Oct. 1987, pages 77-80)
Le Bon Dieu ne nous demande pas d’expliquer si ce mystère d’iniquité peut aller jusqu’à « l’apostasie de la foi catholique dans l’Eglise romaine » comme le pense saint Thomas d’Aquin commentant saint Paul[15] ou si il consiste à « éclipser l’Eglise catholique » par une Contre-Eglise comme pourrait le laisser entendre l’Apocalypse de saint Jean[16]. Le bon Dieu de nous demande ni de perdre la foi ni de nier les faits pour sauver une possible explication de sa divine parole au sujet des « portes de l’enfer » qui ne prévaudront pas contre son corps mystique.[17]
Notre-Dame de La Salette a annoncé l’éclipse de l’Eglise
Mais le bon Dieu nous demande par contre de garder la foi que nous avons reçu, par grâce et sans aucun mérite de notre part, de la répandre et de la protéger. Et pour cela de jeter l’anathème sur les hérétiques, sachant qu’il est d’usage dans l’Eglise de qualifier d’hérétiques et de frapper d’anathème les hérétiques formels ou matériels, les fauteurs d’hérésies et ceux qui coopèrent à la diffusion de l’hérésie par leur silence, leur négligence…
Or « c’est à Rome que l’hérésie est installé[18]. Si les évêques sont hérétiques (même sans prendre ce terme au sens et avec les conséquences canoniques), ce n’est pas sans l’influence de Rome. »[19]
Le 10 mai 2013, François a demandé au patriarche orthodoxe Tawadros II, « pape d’Alexandrie et du siège de Saint-Marc » de lui donner sa bénédiction. Or « est suspect d’hérésie celui qui spontanément et sciemment aide de quelque manière que ce soit la propagation de l’hérésie, ou communique ‘in divinis’ avec des hérétiques, contre ce qui est prescrit au Can. 1258 ». (Can. 2316)
En conséquence, par devoir de conscience et par amour de Dieu mais nullement par esprit de querelle ou par tempérament atrabilaire, je déclare :
Moi, l’abbé Olivier Rioult, prêtre de l’Eglise catholique par la grâce de Dieu quoique indigne, parce « j’adhère à la sainte Foi de nos Pères » et que je veux « mourir » dans cette vérité, je crie anathème aux « nouveautés impies », à Benoît XVI et à François : tous deux apôtres de la liberté religieuse maçonnique[20]. L’amour du prochain m’oblige à déclarer sans ambiguïté la foi catholique et ses conséquences. C’est pourquoi je déclare refuser la communion avec ces fauteurs d’erreurs, ces corrupteurs de la foi, ces destructeurs de l’Eglise et ces traîtres à Notre Seigneur Jésus-Christ.
« Tant que le Secrétariat pour l’Unité des Chrétiens gardera le faux oecuménisme comme orientation et que les autorités romaines et ecclésiastiques l’approuveront, on peut affirmer qu’elles demeureront en rupture ouverte et officielle avec tout le passé de l’Eglise et avec son Magistère officiel. C’est donc un devoir strict pour tout prêtre voulant demeurer catholique de se séparer de cette Eglise conciliaire, tant qu’elle ne retrouvera pas la tradition du Magistère de l’Eglise et de la foi catholique. » (Mgr Lefebvre, Itinéraire spirituel)
En attendant prions comme le Père Kolbe :
« O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous et pour tous ceux qui n’ont pas recours à Vous, spécialement pour les francs-maçons. »
Fin.
Abbé Olivier Rioult, fsspx.