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Transcription de la conférence audio “Le commandant du Titanic va nous couler !”

par | Sep 5, 2013 | Abbé Faure

Plusieurs personnes m’ont demandé quelle est ma position au sujet de la Fraternité Saint-Pie X. Certains prêtres de la Fraternité se trouvent actuellement en liberté surveillée ou provisoire.

L’un d’eux l’abbé Pinaud se trouve confiné à la forteresse de Jaidhof et attend le jugement illégal d’un tribunal ecclésiastique illégal.

Lorsqu’une affaire passe devant un tribunal, il est d’usage de retracer la vie de l’inculpé. Nous passerons tous au tribunal de l’Histoire et même au tribunal de Dieu, même nos supérieurs.

Pour expliquer quelle est ma position je retracerai brièvement ce qu’a été ma vie comme cadre de l’histoire de ces dernières décennies, en ce qui me concerne.

A propos de tribunal, le commandant Hélie de Saint-Marc, Hélie avec un “H”, héros des deux guerres d’Indochine et d’Algérie, grand-Croix de la Légion d’Honneur et 13 citations est décédé il y a quelques jours le 26 août 2013. Il était entré en 1961, avec les 7 commandants du Régiment Etranger de Parachutistes dans Alger. Comment s’était-il risqué dans une telle affaire, aussi risquée qu’elle paraît incroyable aujourd’hui; dans une affaire si contraire à l’obéissance et à la discipline! Il l’explique au tribunal militaire en ces termes: Citation: “M. le Président, on peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c’est son métier, on ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer.” Et aujourd’hui on pourrait ajouter dans le cas d’un prêtre de Mgr Lefebvre, on ne peut lui demander de trahir, de se rallier à l’ennemi de la foi au nom d’un prétendu sens de l’Eglise pour éviter un prétendu schisme ou sédévacantisme qui n’existe que dans la tête de Mgr Fellay et dans sa lettre réponse aux 3 évêques et qui n’est au fond qu’un prétexte, qu’un alibi.

Mgr Lefebvre disait que sa vie avait été marquée par 3 guerres mondiales, 14-18, 39-45, 1962-1965, c’est-à-dire le Concile Vatican II qui fut à son avis pire que les deux premières guerres quant à ses conséquences pour l’Eglise et la société. Mgr Lefebvre disait que le concile Vatican II était la plus grande catastrophe de l’Histoire de l’Eglise.

A ma petite échelle, je peux dire que ma vie a été marquée par trois immenses trahisons, dont la troisième, grâce à Dieu n’a pas totalement abouti, mais dont les conséquences sont d’ores et déjà catastrophiques pour l’avenir de l’œuvre de Mgr Lefebvre. La Fraternité Saint-Pie X était le dernier bastion dans la lutte contre le modernisme et le libéralisme dans l’Eglise.

Je suis donc né en Algérie, à Alger en 1941 en pleine guerre mondiale. A cette deuxième guerre mondiale ont participé mon père et mes cinq oncles du début à la fin. L’un d’eux, en France, après la bataille du Nord de mai 1940, s’est évadé deux fois, il a pu rejoindre l’Algérie. En 1942, après le Débarquement Américain en Algérie, ils ont pu continuer le combat: Tunisie, Italie, France, Allemagne. Quelques années plus tard l’un d’eux a été tué en Indochine, puis un autre en Algérie. Mes premiers souvenirs datent de ces époques. J’ai été éduqué à 40 kilomètres de la ville de Saint-Augustin, dans l’Est algérien dans une école catholique dont le directeur était le père Barbara, futur directeur d’une revue de la résistance catholique “Fort dans la foi”. Mon professeur de grec, le père Malcher restera lui aussi fidèle à la résistance au Concile dans les Pyrénées à Pau, après l’indépendance de l’Algérie. J’ai poursuivi mes études à Paris à Sainte-Croix de Neuilly, puis à Alger en 1960, l’année des Barricades. Première trahison Petit rappel historique: En 1958 pour accéder au pouvoir, à la suite d’une insurrection algéroise, suivie d’un putsch militaire organisé par les amis du Général de Gaulle, celui-ci, le Général de Gaulle donc, a pris des engagements formels, après le 13 mai 1958, devant l’Armée et des centaines de milliers de Français musulmans et d’Européens, d’obtenir en Algérie la solution la plus conforme aux intérêts de la France et des populations concernées.

Or, le général de Gaulle, en 4 ans à peine, par un retournement complet de la situation, a su imposer la pire des solutions au problème algérien, aux conséquences catastrophiques pour l’Algérie et pour la France qui est en train de devenir de plus en plus algérienne. C’est dans ce retournement complet que je trouve une similitude avec ce qui se passe depuis 10 ans dans la Fraternité. Ce retournement complet a été obtenu avec une habileté consommée par un tour de force sans précédent, malgré tous les serments, toutes les promesses, toutes les garanties, par une série d’ambiguïtés, de formules ambiguës, savamment graduées et échelonnées qui constituent une tromperie machiavélique sans précédent, le général parvint à opposer, malgré une forte résistance, au moyen d’une répression sans faille, au moyen de très nombreuses mutations dans l’Armée et chez les fonctionnaires, la pire des solutions et il envoie ainsi à la mort et à la torture, des milliers d’Européens et des dizaines de milliers de Harkis fidèles à la civilisation française. Dans ce drame, l’arme privilégiée du diable pour tromper les hommes a été comme toujours, l’ambiguïté, les formules ambiguës, les paroles à double sens. On comprend pourquoi le Dieu de Vérité a dit dans la Bible, “je hais la langue double”, la parole à double sens: “os bilingüe detestor”.

Un retournement complet de la situation, n’est-ce pas ce à quoi nous assistons aujourd’hui dans la conduite de la Fraternité Saint-Pie X ? Au contraire – en sens contraire – Mgr Lefebvre nous a aidé à nous séparer, à garder nos distances, il nous a mis en garde contre l’Eglise conciliaire qui n’est plus catholique, disait-il, et contre la Rome libérale et moderniste qui a perdu la foi, disait-il aussi.

Mgr Fellay, lui, dit qu’il n’y a pas d’Eglise conciliaire, qu’il n’y a qu’une seule église visible, qu’une seule Rome et qu’il peut faire un accord avec elle, en faisant confiance à ses promesses et aux garanties qu’elle nous offrirait pour rester tels que nous sommes. Dernièrement les Franciscains de l’Immaculée faisaient confiance à la garantie du Motu proprio du pape Benoît XVI, autorisant soi-disant, la vraie messe.

Le successeur de Benoît XVI déchire allègrement le Motu Proprio de son prédécesseur en interdisant la messe à ces Franciscains à moins d’une problématique autorisation d’on ne sait trop qui. Voilà donc ce que valent, malheureusement aujourd’hui, les garanties du successeur de Pierre. Et si Benoît XVI avait accepté la Déclaration doctrinale de Mgr Fellay du 15 avril 2012, qu’est-ce que vaudrait aujourd’hui les garanties de Benoît XVI? Comment pourrions-nous rester tels que nous sommes? Mgr Lefebvre nous disait au contraire, comment voulez-vous que l’on ait confiance en des gens comme cela? Qui justifient la négation de Quanta cura, de Pascendi, du Syllabus etc. Mais Mgr Fellay nous raconte qu’aujourd’hui la situation n’est plus la même qu’en 88, qu’elle a changé, qui pourrait le croire? Comme le disait un garde suisse au Vatican à Mgr Lefebvre: “Mais Mgr vous attendez encore quelque chose de ces gens-là?” C’est dans la biographie de Mgr Lefebvre par Mgr Tissier à la page 506. Comme quoi il y a encore des Suisses qui ont le sens de la réalité. Je continue ma petite histoire.

Retour dans l’Histoire: 1926, autre trahison En 1962 je prends le chemin de l’exil, du Mexique. J’y découvrirai l’Histoire occultée d’une autre grande trahison. Le gouvernement mexicain franc-maçon attaque l’Eglise et provoque une guerre de Vendée, une insurrection catholique qui se terminera par le meurtre du président de la République Obregon et aussi par un accord avec Rome… Qui contient la clause suivante: sous peine d’excommunication les Cristeros doivent rendre leurs armes à la république maçonnique. Malgré les garanties et les promesses leurs chefs sont ensuite assassinés les uns après les autres et bon nombre de leurs hommes. C’est encore une preuve que le successeur de Pierre, Pie XI en l’occurrence, peut commettre de très graves erreurs. 1926 c’est aussi l’année de cette tragédie catholique qui vit la condamnation de l’Action Française, le triomphe de la gauche dans les épiscopats grâce aux aumôniers d’Action catholique qui vont commencer de devenir évêques, et commencer à préparer leur Concile comme le dit le cardinal Marty de Paris. Année qui marque aussi le retournement à gauche de Jacques Maritain, l’un des pères intellectuels du Concile Vatican II.

Deuxième trahison 1962 c’est donc l’indépendance de l’Algérie, mais c’est aussi le début d’une nouvelle trahison, cette fois-ci, de l’Eglise et de la foi, avec le concile Vatican II qui commence par un coup d’Etat, comme la Révolution de 1789, dont le Concile introduira les idées dans l’Eglise, comme l’ont reconnu plusieurs prélats, Congar, Suenens, et en particulier le cardinal Ratzinger qui parle de deux siècles de culture libérale que l’Eglise devait faire sienne à l’occasion du Concile Vatican II. Tout le monde connaît l’histoire ou devrait la connaître. Pour cela il faut relire les ouvrages de Mgr Lefebvre. Au Concile comme toujours, l’arme préférée du diable lorsqu’il s’agit de tromper les hommes c’est comme toujours l’ambiguïté. Les formules ambiguës, les phrases à double sens. Notre Seigneur nous avait dit: “ce qui est, est, ce qui n’est pas, n’est pas. Tout le reste vient du diable.” Or il faudrait compter dans le Concile le nombre d’expressions de ce genre: néanmoins, cependant, mais, toutefois, et aussi, et dans certains cas, etc. Il faudra conserver le latin, dans la messe, toutefois, dans certains cas il faudra le traduire, on connaît la suite. C’est ça les bombes à retardement du Concile Vatican II, les ambiguïtés voulues, calculées, pour leurs utilisations futures. Ils l’ont dit eux-mêmes d’ailleurs !

Je continue ma petite histoire. 1969, après une retraite en Argentine je vais voir l’archevêque de Paraná à qui je fais part de ma volonté de continuer la Tradition de l’Eglise, dont je suis sûr être ma vocation sacerdotale. “Allez donc chez Mgr Lefebvre”, me dit-il. C’est la première fois que j’entends parler de Mgr Lefebvre. C’est donc bien l’Eglise qui m’envoie chez Mgr Lefebvre pour garder la Tradition de l’Eglise. Et c’est Mgr Lefebvre qui prêche la retraite de la Semaine Sainte à Ecône. J’y assiste et je rentre au séminaire au mois d’octobre 72. Le 29 juin précédent j’étais à Rome et j’ai entendu le jour de la fête de Saint-Pierre et Saint-Paul, et j’ai entendu de mes oreilles, le pape Paul VI dire: “Après le Concile, la fumée de Satan est entrée dans l’Eglise.” Après, ou à cause du Concile? Je vais donc vivre à Ecône les années décisives du combat de la foi de Mgr Lefebvre. Il me fera l’honneur bien immérité de m’accorder sa confiance au point de me laisser libre accès à sa correspondance. Au cours de mes années de séminaire, je constate le sens du combat de Mgr Lefebvre. Il suit la Providence, certes, mais il regarde parfois en arrière, pour voir si ses fidèles combattent, si ses fidèles combattants le suivent, à mesure que le combat gagne en intensité et que les batailles se succèdent. Pour rassurer ses troupes, il leur explique que naturellement, que nous sommes bien dans l’Eglise, que nous reconnaissons le pape etc. etc. Il va même jusqu’à signer un accord auquel il renonce tout-de-suite, dont il ne faut pas se prévaloir de ces précautions pour s’assurer que tout le monde comprend bien la situation pour aujourd’hui faire le contraire de ce que lui-même nous a dit de ne pas faire, c’est-à-dire avant un accord, attendre que Rome revienne à la Tradition. La solution arrivera à l’heure que Dieu décide! Tant que Rome est occupée un accord signifierait évidemment un suicide.

Donc Mgr Lefebvre nous tient au courant de ses entrevues à Rome, nous donne ses raisons d’aller toujours plus avant. Il dénonce avec force toutes les erreurs, surtout celles du pape. Et Mgr Lefebvre passe les 3 dernières années de sa vie à nous mettre en garde contre les dangers et les pièges que l’autorité moderniste ne manquera pas de nous vendre en nous faisant miroiter les avantages d’un accord avec les modernistes de Rome. Particulièrement dans sa dernière conférence aux séminaristes à Ecône! Miroir aux alouettes auquel tant de nos frères d’arme ont succombé et se sont vus ainsi condamnés au silence et à l’abdication du combat de la foi. Comme le dit l’Ecriture: “Ceux qui devaient aboyer contre le loup, pour sauver le troupeau, pour sauver les âmes, sont devenus des chiens muets.” Troisième Trahison Et c’est vers ce chemin que le supérieur de la Fraternité, Mgr Fellay, nous oriente depuis des années dans l’espoir d’arriver à un accord avec Rome. Pour préparer les esprits à cette volte-face, à cette capitulation, tous les moyens sont bons. En premier lieu l’expulsion scandaleuse et injuste de Mgr Williamson.

Si Mgr Williamson n’était pas d’accord avec Mgr Fellay, c’est que Mgr Fellay faisait fausse route. Et que Mgr Williamson indiquait ce qui était en accord avec la pensée de Mgr Lefebvre, la bonne route. Ensuite la réponse aberrante de Mgr Fellay à la lettre que lui avaient adressée les 3 évêques. Ensuite l’expulsion de nombreux prêtres fidèles de leur Fraternité ou de ses œuvres. Par exemple on a même expulsé des enfants des écoles de la Fraternité aux Etats-unis en particulier. Le chantage aux mutations sanctions aux prêtres récalcitrants à un accord. Par exemple celle récente de M. l’abbé Beauvais de Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris !

Le chantage à l’excommunication ou à la privation des sacrements pour ceux qui veulent s’informer de la situation réelle de la Fraternité sur Internet, ce qui constituerait, ont dit certains prêtres, un péché mortel. Soi-disant. Ou pour ceux qui refuseraient de fermer leur site internet, par exemple, en Angleterre, au Mexique, en Italie, etc. Ces différents chantages expriment la crainte de ceux qui n’acceptent pas le suicide et se voient obligés de garder leur anonymat pour ne pas perdre leur participation aux biens qui appartiennent, non pas à Mgr Fellay, mais à Notre-Seigneur Jésus-Christ et à l’Eglise. Biens qui d’ailleurs ont été offerts à la Fraternité au prix de gros sacrifices. Par exemple ces personnes qui, au prix de leurs deniers ont construit, églises, chapelles, écoles, pour le bon combat de la foi et qui s’en voit, d’une façon ou d’une autre écartées.

Chantage à l’expulsion dont la menace consiste, par exemple pour Mgr Williamson, et pour les prêtres récalcitrants, à se retrouver à la rue, privés de moyens de subsistance, retraites, sécurité-sociale etc. etc.

Chantage de se voir excommunié de fait, interdiction par exemple d’assister à une profession de vœux d’un enfant de nos amis, que nous avons vu naître. Chantage au refus de l’ordination sacerdotale comme ce fut le cas des Dominicains, Capucins et Bénédictins en 2012.

Nominations aussi, cela est un point essentiel, aux postes-clefs de la Fraternité. Directeurs de séminaires, professeurs, supérieur de district, qui seront inconditionnels su supérieur comme on l’a déjà constaté. Ce seront en outre les membres du Chapitre, du prochain chapitre au conditionnel. Tout cela et bien d’autres choses, bien d’autres décisions ont provoqué le désarroi, le trouble, la crainte, chez beaucoup. Personne n’est tenté par l’archipel du Goulag ou l’hôpital psychiatrique.

On commence par la médisance, traiter les gens d’imprudents, de subversifs, de révolutionnaires, de désobéissants, en somme on nous refait le coup de l’obéissance d’il y a 40 ans: obéissez sinon vous êtes des schismatiques, des sédévacantistes qui divisent la Fraternité. On disait de la même façon que Mgr Lefebvre divisait l’Eglise. Et beaucoup plus grave, la conséquence de cette politique obstinée étalée sur plus de 10 ans, mutations, nominations de collaborateurs au profil adéquat etc. c’est que beaucoup de séminaristes, prêtres et fidèles ont perdu leurs convictions et sont mûrs pour l’accord suicide de type Fraternité Saint-Pierre, Campos etc. Aujourd’hui dans nos écoles un élève qui ne pense pas qu’un accord serait la solution miracle à toutes nos difficultés, et bien c’est une exception. L’exemple tragique au cours de ces 30 dernières années de 13 groupes, parfois très importants, monastères, couvents, diocèse comme celui de Campos, Fraternité Saint-Pierre etc. réduits au silence, transformés parfois en complices, défenseurs de la liberté religieuse et du Concile, comme le monastère du Barroux et on entend même maintenant Mgr Fellay nous dire que la liberté religieuse du Concile est très très limitée, comme d’autres erreurs que nous avons attribuées, soi-disant à tort au concile Vatican II, mais qui, comme le disait le pape Benoît XVI, ne sont en réalité qu’une mauvaise herméneutique, interprétation du Concile. Notre-Seigneur l’a dit: “un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits!”, de mauvais résultats. Si l’arbre est mauvais et bien on le coupe et on le jette au feu. C’est Notre Seigneur qui le dit.

Tout ce qui précède montre à l’évidence que le combat de la foi hérité de Mgr Lefebvre a été détourné et trahi. Il aurait été en voie de disparition si l’accord espéré, objet de tant d’efforts et de tant de pertinacité avait abouti en juin 2012 selon les espérances de Mgr Fellay. Mais n’oublions pas, Mgr Pozzo est de retour à Rome! Ce n’est pas pour rien qu’il a été rappelé à Rome! Et il doit toujours travailler à fabriquer un hameçon susceptible d’intéresser Mgr Fellay. On nous dit, mais enfin, l’accord n’a pas été signé! C’est entendu! Le Titanic est passé à côté de l’iceberg, mais pas loin, pourvu que ça dure! Mais le commandant du Titanic n’a pas changé de route, lui, de feuille de route, ni de ligne de crête et donc le prochain iceberg nous fera couler corps et biens. Le coup n’est pas passé loin en ce fatidique mois de juin 2012. D’ailleurs le chapitre qui a suivi devait entériner l’accord et fixer la mise-au-point, les derniers détails de la normalisation, c’est-à-dire de la prélature personnelle Saint-Pie X – la voilà même déjà baptisée ! – Ouf! on a évité la mort de justesse, mais le capitaine est toujours là et son programme aussi comme le prouve la dernière déclaration de Mgr Fellay et des deux autres évêques du 27 juin 2013 et la nouvelle mutation de l’abbé Beauvais, comme nous le disions. Il doit quitter Saint-Nicolas-du-Chardonnet, sans parler des dernières nominations des directeurs de séminaires en Allemagne et en Argentine. Le Chapitre général d’Ecône, juillet 2012.

Eh bien nous dirons un mot maintenant du chapitre auquel nous avons assisté l’année dernière. Alors bien sûr il y a la question du secret. Des conjurés qui complotent jurent de garder le secret. Bien! Mais évidemment le secret a ses limites.

Quand on réalise qu’on a été manipulé, que votre supérieur a voulu vous faire endosser la responsabilité des décisions, des positions que vous n’avez jamais acceptées, jamais votées, par exemple celle de lui donner carte blanche pour une éventuelle expulsion de Mgr Williamson, vous êtes alors libre de dire la vérité. D’ailleurs on lit dans le dernier bulletin officiel du district de France que le supérieur général a autorisé en avril 2013 le secrétaire général a reproduire une lettre de Mgr Tissier de Mallerais du 29 mars 2013 adressée au supérieur général qui déclare, le secrétaire: Citation: “cette lettre a été écrite pour défendre l’honneur du Supérieur général et celui des capitulants. Mais en réalité cette lettre nuit à l’honneur de Mgr Williamson comme elle le signale explicitement elle-même dans sa conclusion. Il est dit dans cette lettre que Mgr Williamson a attendu un an, ce qui ne correspond pas à la réalité, pour critiquer le résumé de la Déclaration doctrinale de Mgr Fellay.

En réalité il s’agit des alinéas 4 et 5 de la Déclaration doctrinale de Mgr Fellay du 15 avril 2012 rendus publics par l’abbé Pfluger en mai 2012 dans le sud de la France. Il est dit dans la lettre:” le chapitre général a étudié ce texte” de la déclaration, “les capitulaires ont eu toute liberté pour en dénoncer les faiblesses”, ce que je n’ai pas manqué de faire pour ma part, et il a été conclu tacitement qu’il n’y avait pas lieu d’insister sur ce sujet, qu’il était évident que le Supérieur général regrettait. Quant au terme tacitement, on pourrait ajouter toutefois qu’un des capitulaires, l’abbé Pagliarani, directeur du séminaire de la Reja en Argentine a pris la parole pour dire que le chapitre n’allait tout-de-même pas donner une gifle au Supérieur général en lui demandant de reconnaître son erreur, mais que cela résulterait de la déclaration finale du Chapitre.

Pour en revenir à Mgr Williamson, la vérité est que chaque capitulaire a trouvé à sa place au petit-déjeuner, juste avant l’ouverture du Chapitre, une lettre recommandée de Mgr Williamson qui lui était personnellement adressée dans laquelle se trouvait une critique des aliénas 4 et 5 de la Déclaration doctrinale du 15 avril 2012, rendue publique environ un mois auparavant par l’abbé Pfluger. Mgr Tissier ne l’aura donc pas reçue ou pas ouverte mais la vérité est que Mgr Williamson n’a pas attendu un an pour critiquer la Déclaration doctrinale de Mgr Fellay. D’une façon générale, je peux dire qu’au Chapitre j’ai vu dans quelle situation se sont du se trouver Mgr Lefebvre et ses amis traditionalistes, et la conclusion s’impose: la majorité du Concile a été manipulée par la minorité libérale forte de l’autorité des papes Jean XXIII et Paul VI.

De même au Chapitre, le seul qui avait une autorité suffisante pour donner une bonne orientation au débat était Mgr Williamson et c’est la raison pour laquelle les supérieurs l’ont exclu. Maintenant du moins il est libre de dire ce qu’il pense et il ne s’en prive pas. Juste avant le Chapitre, n’est-ce pas, la question était la légalité ou l’illégalité de la décision de l’expulsion de Mgr Williamson que celui-ci venait d’ailleurs de nous mettre sous les yeux par sa lettre recommandée. Que dit le Droit canon? Eh bien le Droit canon dit qu’un évêque est jugé par le pape et non pas par Mgr Fellay, et c’est nous qu’on accusera après d’être sédévacantistes. On a donc voté pour ou contre l’expulsion de Mgr Williamson. Deux heures après le résultat du vote on trouvait sur Internet: 9 capitulaires sont contre l’expulsion! Plusieurs la juge illégale et donc susceptible d’entraîner la nullité du Chapitre.

L’une des hontes de la majorité des membres de ce chapitre sera d’avoir accepté l’expulsion de Mgr Williamson et d’avoir donné carte blanche à Mgr Fellay pour l’expulser de la Fraternité. C’était le seul qui avait la carrure suffisante pour sauver le Chapitre et la Fraternité du suicide programmé; un autre l’a fait, d’une certaine façon, pour une raison mystérieuse, le pape Benoît XVI. Dans sa “bienveillance” envers la Fraternité il a renouvelé une énième fois son exigence de voir Mgr Fellay accepter inconditionnellement le Concile, la nouvelle messe et le magistère conciliaire qui contredisent le Magistère de l’Eglise catholique. Comment en est-on arrivé à une situation tellement confuse? Qu’aurait-on du faire pour l’éviter ?

Une fois de plus c’est Mgr Williamson qu’il faut citer: après avoir lu ou relu l’ouvrage d’Emmanuel Barbier, Mgr Lefebvre aurait dit: si j’avais lu cet ouvrage avant de fonder Ecône, j’aurais donné à mon séminaire une autre orientation. C’est-à-dire une orientation davantage contre-révolutionnaire, eh bien c’est le même conseil que donnait au pape Jean XXIII et au Concile Mgr de Proença Sigaud en 1959 alors qu’il répondait à l’invitation du Pape de faire part de ses souhaits sur ce que devrait décider le Concile Vatican II. Alors nous citerons simplement quelques mots de son exposé :

Citation: “Je vois néanmoins d’autres choses dans l’Eglise qui me produisent une grande angoisse, elles sont si graves que je les estime dignes d’être considérées par la Commission Pontificale anté-préparatoire, par le Concile œcuménique et postérieurement par le Concile lui-même. Je vois que les principes, que l’esprit de ce qui s’appelle Révolution pénètre dans le clergé et dans le peuple chrétien comme autrefois les principes, la doctrine, l’esprit et l’amour du paganisme au moment de la Renaissance et qui ont préparés la société à la Réforme protestante. Nombreux dans le clergé ne voient pas les erreurs de la Révolution, ils ne s’opposent pas à elle. A d’autres prêtres, la Révolution plait comme un idéal et ils la propagent, ils collaborent avec elle, ils poursuivent les adversaires de la Révolution, ils les calomnient, ils mettent des obstacles à leur apostolat. Beaucoup de pasteurs se taisent, d’autres adhèrent aux erreurs, à l’esprit de la Révolution.”

Et donc l’ennemi de l’Eglise pour Mgr Sigaud c’est évidemment la Révolution, la Franc-maçonnerie, le protestantisme, etc. etc. et même, oui, le judaïsme international par exemple. Et on voit bien dans ce document que c’est la formule de la Cité Catholique qui a inspiré cet évêque. Ce mouvement qui a produit tant d’excellents fruits dans les années cinquante et d’où est sortie, d’ailleurs, l’essentiel de la résistance catholique au Concile. Donc c’est certainement là qu’il faudrait faire un effort. J’avais eu l’occasion de le dire, il y a bien des années déjà lors de réunions, mais évidemment on n’en a pas tenu compte. Bien sûr Mgr Lefebvre avait pensé à la formation contre-révolutionnaire et il pensait que les actes du Magistère, c’est-à-dire les encycliques qui ont suivi la Révolution étaient suffisants pour nous armer dans le combat anti-libéral, mais malheureusement on est obligé de constater que ce n’est pas le cas. Et donc il faudrait ajouter à ces actes du Magistère une formation plus systématique en se basant sur les livres de la Cité Catholique, en particulier les premières éditions du livre de Jean Ousset “Qu’Il règne!” et c’est ainsi qu’ un jour l’Eglise reconstruira le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ. Que Notre-Dame, gardienne de la foi nous protège et nous donne le courage nécessaire pour affronter ces difficultés sans cesse croissantes. Abbé Jean-Michel Faure