La porte latine et la FSSPX ont annoncé le pieux décès de « l’Abbé Charles Baillif », le 15 mars 2015, au Brémien Notre-Dame, assez discrètement.
Pourquoi ? Le Père Baillif gênait-il ? Les amis du Père Baillif auraient-ils pu gêner la politique de la FSSPX en contredisant la version officielle de la dite Fraternité ?
Sur http://gloria.tv/media/i84ttSRLyqS a été posté le PDF d’une lettre manuscrite du Père Baillif intitulé : « Testament du R. P. Charles Baillif » qui disait :
« Révérend Père Baillif
« Le Rafflay, 14 janvier 2011
« Cher Monsieur l’Abbé,
« Merci pour vos vœux et vos prières. Par la présente, je veux vous redire ma détermination et ma volonté de vous rejoindre à Nantes.
« Je veux être à vos côtés dans le bon combat de la Foi, sans aucune compromission avec les modernistes et particulièrement avec Benoît 16 que je ne cite pas au Canon de la Ste Messe pour la simple raison qu’il n’est pas le successeur légitime de St Pierre : il l’a prouvé lui-même par ses écrits et par ses actes : il fait partie des pires ennemis de l’Église, condamné par St Pie X.
« Cher Monsieur l’Abbé, c’est en pleine possession de mes facultés à l’exception de la mémoire quelque peu défaillante, que je vous écris ce mot qui a valeur de testament.
« Cher Monsieur l’Abbé venez me chercher, c’est un appel au secours ! Que Dieu entende mon appel et qu’il vous bénisse !
« Charles Baillif, prêtre. »
La Sapinière a vérifié l’authenticité de cette lettre auprès de son destinataire.
Et il en ressort, une fois de plus, que la petite histoire n’est malheureusement pas à l’honneur de la FSSPX.
Le Révérend Père Charles Baillif a fait ses vœux perpétuels en la congrégation des Pères du Saint-Sacrement, avant son ordination sacerdotale (29 juin 1945). Ce religieux profès a subi de plein fouet la révolution dans l’Eglise. Fidèle à la messe et à la doctrine, il a alors demandé, pour mieux mener le combat de la foi, d’intégrer la FSSPX.
Il a exercé son ministère à Paris, Dijon mais surtout au séminaire saint Curé d’Ars à Flavigny. Il fut un directeur et un confesseur apprécié de nombreux séminaristes et de prêtres. L’un de ses prêtres, M. l’Abbé Philippe Guépin, lui envoyait ses vœux chaque année.
Mais l’année 2011 ne fut pas comme les autres. Le Père Baillif, mis au courant des compromissions de Mgr Fellay, se rendait compte que l’armée qu’il avait choisie pour mener le bon combat de la foi était entrain de lâcher ce combat.
Il constatait que la tête de la FSSPX s’était aveuglée au point de ne plus voir qu’à Rome rien n’avait changé. « La situation est toujours la même. Et je dirais même qu’elle s’aggrave du fait de la pertinacité avec laquelle Rome affirme maintenant ces erreurs ». (Mgr Lefebvre, cospec 117B, 28-01-1986)
Il craignait de finir comme les ralliés « qui ont aujourd’hui pratiquement déserté le combat pour la vérité » et « le combat pour les droits du Christ Roi. » Bref, il comprit que « Rome » allait réussir « par les lâcheurs de nous faire lâcher. » (Abbé Schmidberger, Cor unum, n°33, juin 1989)
Pour toutes ses raisons, il voulait rejoindre M. l’abbé Guépin à Nantes.
Devant une telle lettre exprimant un tel vœu, l’abbé Guépin rentra en contact avec les sœurs du Rafflay qui le renvoyèrent au Supérieur de District. L’abbé Guépin envoya donc copie de la lettre du Père Baillif à l’abbé de Cacqueray. Ce dernier répondit qu’il fallait voir cela avec Mgr Fellay et que de toute façon le Père Baillif était « très versatile ». Il faisait allusion à un court séjour du père à l’IBP, influencé par d’anciens amis dont le père ignorait le revirement doctrinal. Dès qu’il s’aperçut de l’atmosphère ralliée qui régnait là-bas, le père quitta l’IBP.
Lors d’une visite au père Baillif au prieuré de Gastines, les abbés Guépin et Belmont durent affronter l’impolitesse (c’est un euphémisme) de M. l’abbé Delestre et constatèrent que la FSSPX ne voulait pas correspondre aux vœux du Père Baillif. Il était donc prisonnier de sa Fraternité et persécuté pour ses convictions et sa fermeté doctrinales qui dérangeaient.
Les abbés Guépin et Belmont étaient dans l’impossibilité de répondre au vœu du Père Baillif. Car s’il possédait encore toute sa tête, son corps lui été usé par les ans. Tout déménagement était impossible sans une collaboration de la FSSPX. Et Mgr Fellay ne l’a point voulu.
Pour fêter les soixante ans de sacerdoce du Père Baillif, La porte latine avait posté un article de l’Abbé Louis-Edouard Meugniot assez inconsistant qui donnait des petits coups d’encensoir au petit monde de la Tradition vu par le prisme FSSPX. Un petit monde merveilleux « composé de trois générations », des « séminaristes issus des écoles » de la Fraternité, bref une « journée » de charité et de fidélité… « parfaite illustration de la Tradition »…
La seule phrase vraiment sensée était la conclusion de cet article :
« Cette tradition vivante qu’incarne aux yeux de tous le Révérend Père Baillif, est notre Espérance et notre force. »
Mais cette louange de l’abbé Meugniot contient-elle ou exclu-t-elle le testament du Révérend Père Baillif ?