La femme chrétienne peut-elle se dévêtir à l’instar de ces femmes que se livrent à l’impudicité ? Oui, selon M. Krah, que l’on voit ici en photo de famille postée sur son blog (http://thecathwalk.net).
Qui est M. Krah ? D’après son entretien avec The Remnant (version française publiée sur le Forum Catholique en mars 2015), il est religieusement catholique et politiquement “démocrate-chrétien”. Il s’oppose à la « déclaration » qu’a faite Mgr Williamson « concernant l’Holocauste ». Pour cela, il a usé de son « réseau d’influence, et spécialement de ses connexions avec les médias » en faveur de la FSSPX. Et il n’a « aucun problème à dire » qu’il a « une attitude positive envers l’Etat israélien ». Ce juriste allemand, conseiller de la FSSPX et ami de Mgr Fellay « aimerait » beaucoup se « faire l’avocat d’une vision du monde plus optimiste ».
Or, il se trouve que ce monsieur fort occupé, qui se « considère plutôt comme un intellectuel », est aussi, à ses heures perdues, moraliste et aime à donner des leçons de catholicisme…
Selon lui, « les longues jupes sont immorales parce que haïssables. » C’est « une mode » au « caractère repoussant » car dans « la religion catholique » « le bien et le beau sont associés ». « L’esthétique, le style et le goût » sont des « valeurs positives. »
La modestie, selon M. Krah, est une « question de goût », non dogmatique, et il conseille à « tout homme » qui « s’interroge trop sur le vêtement féminin » de « s’en confesser » et de « se chercher une petite amie... »
Pour M. Krah, qui suit la dérive de la FSSPX, l’obligation de « la tête couverte (chez la femme lors des offices sacrés) n’existe même plus depuis les années 50. A bon droit parce que le christianisme n’est pas une religion de lois, mais d’amour, de raison, de beauté. » [Pour l’anecdote, l’abbé Pfluger, le n°2 de la FSSPX demanda à une femme de ne pas se couvrir à l’église sous le fallacieux prétexte qu’elle était la seule dans l’assemblée présente à obéir à la prescription apostolique…]
Et notre moraliste conclut magistralement : « Quiconque se singularise par des questions d’habillement ne fait plus partie de l’Eglise mais d’une secte. Laissons tomber ces gens. Si l’homme ne peut considérer sereinement la beauté, qui comporte un certain sex-appeal, qu’il se remette en question parce qu’immature. »
Le côté abyssal de ces remarques donne le tournis et en dit long, non sur la pensée assez réduite de M. Krah, mais sur la décadence de la société “chrétienne”…
Sex-appeal veut dire : pouvoir de séduction, magnétisme, qui suscite le désir par un physique aguichant ou par un comportement provocant. Bref avoir du sex-appeal c’est manifester non seulement un certain charme sensuel mais aussi un attrait sexuel selon l’étymologie même du mot : appel du sexe.
S’il est vrai que l’épouse doit chercher à plaire à son époux, il est faux et dangereux de prétendre, comme le fait M. Krah, que n’importe quelle femme peut montrer ses charmes à quiconque dans la rue…
Comme M. Krah, pour mieux influencer son lecteur, colle péremptoirement sur les catholiques attentifs à la modestie l’étiquette de gens immatures ou d’adeptes d’une secte… rappelons à ce prétentieux personnage quelques faits.
Parmi les membres de la secte qui « se singularisent par des questions d’habillement », citons l’immature Benoît XV dans une Allocution aux femmes italiennes du 21 octobre 1919 : « L’ignorance peut seule expliquer la déplorable extension prise de nos jours par une mode si contraire à la modestie, le plus bel ornement de la femme chrétienne. Mieux éclairée, il nous semble qu’une femme n’eût jamais pu arriver à cet excès de porter une toilette indécente jusque dans le lieu saint, sous le regard des maîtres naturels et les plus autorisés de la morale chrétienne. »
En réalité, l’écho ininterrompu de la tradition de l’Eglise catholique et de l’Ecriture nous rappelle « combien est funeste la beauté de la femme. » Il ne faut donc pas s’étonner que, de tout temps, les moralistes chrétiens aient été sévères pour les femmes, soit dans leurs écrits, soit en chaire. La part que la femme a dans la chute de l’homme leur a paru d’une vérité toujours ancienne et en même temps toujours nouvelle.
Si la religion chrétienne a toujours cherché à élever la dignité qui convenait aux femmes, elle a toujours pourchassé le sans-gêne et l’immodestie en favorisant la réserve et la tenue modeste, ce qui d’ailleurs ajoute aux charmes de la femme en les rendant plus purs.
Bourdaloue, célèbre prédicateur du XVIIe, fait partie de la secte dénoncée par M. Krah :
« Que le sexe soit vain, qu’il soit jaloux d’un agrément périssable, qu’il mette sa gloire à paraître et à briller ou par la richesse des ornements dont il se pare, ou par l’éclat de la beauté que la nature lui a donnée en partage, c’est une mondanité qu’on lui a reprochée dans tous les temps… » (VIe Dimanche après la Pentecôte, IIe part.)
De tous temps aussi, il y a eu des femmes qui affichaient publiquement l’impiété ou le scandale, au XXIe comme au XVIIe telle la Palatine, la duchesse de Bouillon, la comtesse de Soissons, de Polignac, les duchesses de Vivonne, d’Angoulême, de Vitry et d’autres qui donnèrent lieu à des soupçons par leurs airs faciles… Mais de tous temps, il y a eu aussi des femmes pour le déplorer :
« Les femmes de ce temps me sont insupportables, écrit Madame de Maintenon : leur habillement, insensé et immodeste, leur tabac, leur vin, leur gourmandise, leur grossièreté, leur parure, tout cela est si opposé à mon goût et, ce me semble, à la raison, que je ne puis le souffrir. » (Correspondance de la duchesse d’Orléans, 7 mars 1696)
Puisque les chrétiennes mondaines ressemblent étrangement à celles du monde de la cour royale du grand siècle, nous proposons d’écouter Messire Jean-Louis de Fromentières (1632-1684), évêque et seigneur d’Aire et prédicateur ordinaire du roi.
Ce qu’il dit concerne la femme qui entre dans l’église et dont l’immodestie et l’arrogance profanent les saints mystères. Mais cette remarque vaut encore pour la femme qui, exerçant une violence visuelle sur les hommes en raison de son sex-appeal, devient objet de scandale de par son immodestie.
« Jésus-Christ à cet autel nourrit les hommes de sa chair pour les rendre immortels, pour leur inspirer des sentiments de pureté, pour éteindre en eux les ardeurs de la concupiscence, et toi, tu viens ici avec un corps criminel, infecter les yeux, empoisonner les âmes et allumer dans tout un temple des feux plus détestables que ceux de l’enfer ! Quel attentat ! Opposer une chair impure à la chair toute sainte et toute immaculée de l’agneau, détruire par un amour infâme la charité la plus parfaite d’un Dieu ! Pendant qu’il sauve les hommes, vouloir les perdre […]. Après cela, femmes du monde, êtes-vous chrétiennes ? Eh ! Quel plus grand désordre pourriez-vous faire dans nos églises, si vous étiez païennes ! Si vous étiez chrétiennes, paraîtriez-vous ici dans un autre état que dans un état d’humilité et de pénitence ? […] ce n’est pas seulement dans les maisons particulières, dans les bals, dans les ruelles, dans les promenades, que les femmes paraissent la gorge nue ; il y en a qui, par une témérité effroyable, viennent insulter à J.-C. jusqu’aux pieds des autels. » (Sermon Sur les irrévérences dans les églises. 1ère partie)
En 1683, ce désordre était si commun, que le pape Innocent XI fulminait la peine d’excommunication contre les femmes qui paraîtraient dans les églises avec des toilettes inconvenantes… Ce simple fait ridiculise le fréquent sophisme qui prétend que la modestie serait une question d’époque, de culture et de goût… et prouve au contraire que les exigences apostoliques de la modestie ne sont pas une règle morale liée aux conditions d’une époque, mais une exigence que l’Église, affranchie du temps, impose à la femme en raison de sa signification religieuse hors du temps !
Si l’insuffisance du vêtement révèle chez la femme un désir immodéré de plaire et de séduire, les toilettes et les modes des femmes ont toujours été un signe de l’état des mœurs publiques. Aussi tous les prédicateurs s’élevèrent-ils contre une coutume que le monde approuvait mais que l’Evangile condamnait.
« Femmes du monde, qui avez passé les plus beaux jours de votre vie en divertissements, en vanité, qui ne vous êtes presque refusé aucun plaisir,… femmes délicates et sensuelles, qui vous êtes uniquement occupées à flatter votre corps, à l’engraisser, qui avez perdu tant de temps à l’embellir comme une idole, par un amas de parures immodestes ou d’ornements inutiles… croyez-vous, de bonne foi, en être quittes devant Dieu, de renoncer simplement à votre luxe et à vos divertissements, à un âge où vous êtes plus incommodes au monde que vous ne lui êtes agréables, sur le retour d’une vie caduque, où votre beauté se flétrit, où vos maladies vous rendent incapables de goûter ce que vous voudriez goûter encore ? » (Fromentières, Sermon Sur la Pénitence, IIIe partie)
Laissons la conclusion de nos remarques à une femme. Elle aura le mérite de montrer le drame spirituel qui se cache derrière le combat pour la modestie et nous permettra de comprendre, tout en le regrettant, pourquoi M. Krah préfère la « voie large qui conduit à la perdition » plutôt que « la porte étroite et resserrée qui conduit à la vie ».
« Une de mes grandes envies, c’est d’être dévote… je ne suis ni à Dieu ni au diable, cet état m’ennuie, quoique, entre nous, je le trouve le plus naturel du monde. On n’est point au diable, parce qu’on craint Dieu, et qu’au fond on a un principe de religion ; on n’est point à Dieu aussi, parce que sa loi est dure, et qu’on n’aime point à se détruire soi-même. Cela compose les tièdes, dont le grand nombre ne m’inquiète pas du tout : j’entre dans leurs raisons. Cependant Dieu les hait ; il faut donc en sortir et voilà la difficulté. » (Madame de Sévigné écrivant à sa fille, Aux Rochers, 10 juin 1671)
Puissent ceux qui se nomment catholiques être plus attirés par la virginité maternelle de Marie que par le sex-appeal d’Eve…
Le notaire de la Sapinière