Le Pape Grégoire XVI
Nous avons vu qu’à la racine du libéralisme on trouve cette volonté de ne plus condamner l’erreur et que le libéralisme a triomphé officiellement dans l’Église par la liberté religieuse, erreur fondamentale du Concile qui nie indirectement la divinité du Christ. D’où ces mots de Mgr Lefebvre :
« L’Église qui affirme de telles erreurs est à la fois schismatique et hérétique. Cette Église conciliaire n’est donc pas catholique. Dans la mesure où le pape, les évêques, les prêtres ou les fidèles adhèrent à cette nouvelle église, ils se séparent de l’Eglise catholique. » (29 Juin 1976).Qu’en est-il de Benoît XVI sur ce sujet primordial de la liberté religieuse ?Avant d’être pape, le Cardinal Ratzinger dans un document officiel affirmait avec clarté que, pour lui, les «déclarations des Papes » « sur la liberté religieuse » et les « décisions antimodernistes » étaient des «dispositions provisoires » ayant « besoin de rectifications ultérieures » et qui ne pouvaient donc pas être « le dernier mot en la matière. » 1 Par ce subterfuge, il allait pouvoir affirmer comme vrai et bon ce que l’Eglise avait condamné comme faux et mauvais. Voici ce qu’enseignait Grégoire XVI sur le prétendu droit à la liberté religieuse dans l’encyclique Mirari vos, en 1832 :« De cette source empoisonnée de l’indifférentisme, découle cette maxime fausse et absurde ou plutôt ce délire : qu’on doit procurer et garantir à chacun la liberté de conscience ; erreur des plus contagieuses, à laquelle cette liberté absolue et sans frein des opinions aplanit la voie, qui, pour la ruine de l’Église et de l’État, va se répandant de toutes parts, et que certains hommes, par un excès d’impudence, ne craignent pas de représenter comme avantageuse à la religion. « Quelle mort plus funeste pour les âmes, que la liberté de l’erreur ! » disait saint Augustin. » […] l’expérience nous l’atteste et l’antiquité la plus reculée nous l’apprend : pour amener la destruction des États les plus riches, les plus puissants, les plus glorieux, les plus florissants, il n’a fallu que cette liberté sans frein des opinions, cette licence des discours publics, cette ardeur pour les innovations. […] Nous frémissons, vénérables Frères, en considérant de quels monstres de doctrines, ou plutôt de quels prodiges d’erreurs nous sommes accablés».
Et Benoît XVI, dans « un excès d’impudence », n’hésitait pas à affirmer :
« Parmi les droits et les libertés fondamentaux enracinés dans la dignité humaine, la liberté religieuse jouit d’un statut spécial. […] toute personne doit pouvoir exercer librement le droit de professer et de manifester individuellement ou de manière communautaire, sa religion ou sa foi, aussi bien en public qu’en privé, dans l’enseignement et dans la pratique, dans les publications, dans le culte et dans l’observance des rites. Elle ne devrait pas rencontrer d’obstacles si elle désire, éventuellement, adhérer à une autre religion ou n’en professer aucune.» 2
L’apostasie et l’athéisme seraient donc, selon Benoît XVI, un droit naturel. En ce qui concerne la religion de l’Etat, le pape Pie IX condamnait les deux erreurs suivantes :
« L’Église doit être séparée de l’État, et l’État séparé de l’Église » ; « A notre époque, il n’est plus utile que la religion catholique soit considérée comme l’unique religion de l’État, à l’exclusion de tous les autres cultes. » 3
Benoît XVI, lui, professe ces erreurs:
« Le Concile Vatican II, en reconnaissant et faisant sien, avec le Décret sur la liberté religieuse, un principe essentiel de l’État moderne, a récupéré le patrimoine le plus profond de l’Église… Il a repoussé clairement la religion d’État. » 4 Pour l’Eglise catholique « la liberté civile de tous les cultes jettent plus facilement les peuples dans la corruption des moeurs et de l’esprit, et propagent la peste de l’Indifférentisme.» 5
Mais pour Benoît XVI, la « saine laïcité » « garantit l’exercice de la liberté du culte » . Toutes ces contradictions sont choquantes mais logiques pour un libéral comme le théologien Ratzinger qui considérait « le Syllabus de Pie IX » et la réaction chrétienne du « pontificat de Pie X » « comme une déviation. » Depuis Vatican II, il est normal que les évêques expriment leur joie quand une mosquée voit le jour en France, car, pour eux, « toute personne doit pouvoir manifester de manière communautaire, sa religion ou sa foi, aussi bien en public qu’en privé… ». Pour ces modernistes et Benoît XVI, « le concile Vatican II a été et demeure un authentique signe de Dieu pour notre temps » qui « deviendra toujours plus une grande force pour l’avenir de l’Eglise… » 8
Mais en réalité, ce n’est pas en défendant la « dignité humaine » des sodomites ou la « liberté religieuse » des musulmans que les catholiques pourront survivre socialement ! Le Concile Vatican II a été une œuvre du diable, père du mensonge. Il est un châtiment pour notre temps d’apostasie. L’avenir de l’Eglise dépend de la fin de l’imposture de Vatican II et de la mort du libéralisme dans les têtes catholiques.
« L’athéisme dans les lois, l’indifférence en matière de religion et les maximes des catholiques libéraux sont véritablement la cause de la ruine des États. Croyez-moi, le mal que je dénonce est plus terrible que la Révolution et la Commune. J’ai toujours condamné le libéralisme et je le condamnerai encore quarante fois si c’était nécessaire. » (Pie IX, À des pèlerins français, 18 juin 1871)
La liberté religieuse, disait Mgr Lefebvre, dans une conférence de 1977, est une « hérésie », en « contradiction absolue avec les documents officiels de l’Eglise.»
« Vous savez, on a lutté, lutté contre ce schéma [de la liberté religieuse au Concile]… il n’y a rien eu à faire ! Parce que c’est cette déclaration-là à laquelle les francs-maçons tenaient le plus ! Et les protestants ! […] Désormais il faut s’entendre à tout prix ! Pour s’entendre, il faut donc enlever dans l’Eglise ce qui déplaît à nos ennemis, donner à l’Eglise une attitude, un visage, qui plaise aux ennemis de l’Eglise. Donc la première chose qu’il faut lui enlever, c’est que l’Eglise dise : – C’est moi la vérité ! Ah ! ça c’est la chose la pire : il n’y a pas de vérité, donc pas de révélation, pas de dogmes. » 9
« Les papes pendant deux siècles ont lutté contre ces idées libérales parce que l’Église, par sa nature même, est anti-libérale. […] Parce que, quand l’Église commence à dire tant soi peu qu’on peut mettre sur le même pied qu’elle les autres religions c’en est fini de l’Église catholique, donc elle n’est plus à elle seule la Vérité, elle n’est plus à elle seule la source de la vertu et de la grâce ! Alors c’est absolument contre la nature même de l’Église, c’est pourquoi l’Église n’a jamais employé le terme de “liberté” religieuse vis-à-vis de toutes les religions, mais toujours la “tolérance” religieuse. On tolère le mal, on tolère le vice, on tolère l’erreur, bien sûr, on ne peut pas tout extirper ! L’Église tolère, mais elle ne peut pas donner le même droit à l’erreur et à la vérité, aux vices et aux vertus, au bien et au mal, ce n’est pas possible, inconcevable ! Or, c’est à cela que veulent nous amener les libéraux. » 10
Le Pape Pie VII
Supporter et tolérer l’existence de l’erreur est une chose, mais la revendiquer comme sainte et voulue par le créateur de la nature humaine est non seulement un blasphème mais une ineptie. La politique libérale ne peut que laisser le monde dans les ténèbres et y plonger les catholiques. 11 Un Bref de Pie VII à Mgr de Boulogne, évêque de Troyes, est éloquent à ce sujet. Le pape protestait contre la nouvelle Constitution proclamée par le Sénat qui passait sous silence les droits de la religion catholique. Le pape confie sa « peine », son «tourment », son « accablement » et son « angoisse extrême » face au 22e article de la constitution:
« Non seulement on y permet la liberté des cultes et de conscience, pour nous servir des termes mêmes de l’article, mais on promet appui et protection aux ministres de ce qu’on nomme les cultes. Il n’est certes pas besoin de longs discours, nous adressant à un évêque tel que vous, pour vous faire reconnaître clairement de quelle mortelle blessure la religion catholique en France se trouve frappée par cet article. Par cela même qu’on établit la liberté de tous les cultes sans distinction, on confond la vérité avec l’erreur, et l’on met au rang des sectes hérétiques et même de la perfidie judaïque, l’Epouse sainte et immaculée du Christ, l’Eglise hors de laquelle il ne peut y avoir de salut. En outre, en promettant faveur et appui aux sectes des hérétiques et à leurs ministres, on tolère et on favorise non seulement leurs personnes, mais encore leurs erreurs. C’est implicitement la désastreuse et à jamais déplorable hérésie que saint Augustin mentionne en ces termes : « Elle affirme que tous les hérétiques sont dans la bonne voie et disent vrai. Absurdité si monstrueuse que je ne puis croire qu’une secte la professe réellement.» (29 avril 1814)
Cette « absurdité si monstrueuse » est « professée » par l’Eglise conciliaire. En effet, Benoît XVI a ‘‘béatifié’’ une certain Jean Paul II qui, en visite à la communauté calviniste de Taizé, déclarait :
« Vous aiderez tout ce que vous rencontrerez à être fidèles à leur appartenance ecclésiale qui est le fruit de leur éducation et de leur choix de conscience, mais aussi à entrer toujours profondément dans le mystère de communion qui est l’Eglise dans le dessein de Dieu.» 12
A l’époque de Pie VII, il n’était « pas besoin de longs discours » pour saisir la monstruosité de cette assertion, mais à l’époque de Benoît XVI des livres entiers ne suffisent plus ! « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »
(à suivre) Abbé Olivier Rioult
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1.- Osservatore Romano du 27 juin 1990.
2.- Benoît XVI, Journée mondiale de la paix, 1er janvier 2011.
3.- Pie IX, n° 55 et n° 77 du Syllabus (catalogue des erreurs modernes annexé à Quanta Cura).
4.- Aux évêques et cardinaux de la Curie, O.R. 23-12-2005.
5.- Pie IX, Syllabus, n° 79 du catalogue des erreurs modernes annexé à Quanta Cura.
6.- Aux Juristes catholiques, O.R. 9.12.2006.
7.- Il nuovo popolo di Dio, p. 158.
8.- La Croix, 25 mars 2012, Aux catholiques réunis à Lourdes pour les 50 ans de Vatican II.
9.- La Croix, 25 mars 2012, Aux catholiques réunis à Lourdes pour les 50 ans de Vativan II.
10.- Conférence du 10 octobre 1977.
11.- Conférence du 15 mars 1976.
12.- Louis Veuillot, L’Univers, 3 novembre 1876. « Le droit commun et le droit canonique coexistent dans les mêmes rapports que la religion naturelle et la religion révélée. Abandonner la seconde, c’est d’abord la détruire, et ensuite, dans un délai très court, c’est ruiner la première. Que le droit canonique succombe, le droit commun n’en aura plus pour longtemps. Il n’y aura plus de droit du tout, sinon le droit rudimentaire et brutal de la force, qui bientôt lui-même ne sera plus un droit. Voila ce que le catholique libéral parait ne pouvoir comprendre, quand il s’acharne a tout réduire au droit commun pour la sauvegarde de l’Église, dernier et suprême rempart de la société. »