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Saül contre David ou Mgr Williamson, trahi par les siens

par | Fév 20, 2013 | Mgr Williamson

Mgr Williamson

 

Saül contre David ou Mgr Williamson, trahi par les siens

« Je serais donc devenu votre ennemi, parce que je vous ai dit la vérité ? »

« Le Chapitre général constate les graves manquements à la discipline commis par Mgr Williamson et les difficultés qu’il pose à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X par son attitude. Il approuve les démarches que le Supérieur général entreprendra pour mettre un terme à cette situation. » (Actes du Chapitre, Cor Unum n°102, été 2012, p. 28)

Pauvres capitulants ! Comment ont-ils pu approuver, aveuglement, les démarches du Supérieur général et donner ainsi les pleins pouvoirs à Saül pour persécuter David ?

« Jonathas répondit à Saül, son père : « Pourquoi David serait-il mis à mort ? Qu’a-t-il fait ? » Et Saül brandit sa lance contre lui pour le frapper. Jonathas comprit que c’était chose arrêtée chez son père de faire périr David. »
(I Sam 20, 32-33)

En réalité, il n’y a pas de problème de discipline chez Mgr Williamson ; il y a par contre un problème de clarté et de doctrine chez Mgr Fellay.
Quand Mgr Fellay dit : « Beaucoup de personnes comprennent mal le Concile. Le Concile présente une liberté religieuse qui est en fait très, très limitée. » Qui peut empêcher Mgr Williamson de dire que le discours de la Fraternité a changé ?

« Les « limites » fixées par le Concile à la liberté religieuse ne sont que de la poudre aux yeux, masquant le défaut radical dont elles souffrent et qui est de ne plus tenir compte de la différence entre la vérité et l’erreur ! On prétend contre toute justice, attribuer le même droit à la vraie religion et aux fausses » ; « Mais le comble de l’impiété, qui n’avait jamais été atteint jusqu’alors, a été accompli lorsque l’Eglise, elle-même, ou du moins ce qui a voulu passer pour tel, a adopté au concile Vatican II le principe du laïcisme de l’Etat » ; « La liberté religieuse signifie nécessairement l’athéisme de l’Etat. Car professant reconnaître ou favoriser tous les dieux, l’Etat n’en reconnaît en fait aucun, surtout pas le vrai Dieu ! » (Mgr Lefebvre, Ils l’ont découronné, Ch. XXVIII, p.232 & VIII, p.76 & IX, p.86)

Quand Mgr Fellay dit aux trois évêques que :

« Dans la Fraternité, on est en train de faire des erreurs du Concile des super hérésies »
, qui pose des difficultés à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X ? Mgr Lefebvre disait que le concile Vatican II était « le plus grand désastre de tous les siècles passés depuis la fondation de l’Eglise » et dans une de ses dernières conférence à Ecône : « Plus nous analysons les documents de Vatican II, plus nous reconnaissons qu’il s’agit d’une totale perversion de l’esprit. C’est très grave ! Une perversion totale !… »

… Qui peut alors empêcher Mgr Williamson d’imiter Paul reprenant Céphas :

« je lui résistais en face, parce qu’il était digne de blâme » (Gal 2, 11) ?

Est-ce manquer de respect envers Mgr Fellay que de le citer et de montrer l’ambiguïté et l’insuffisance de ses propos ? A des paroles publiques ne peut-on pas répondre par des paroles publiques quand il s’agit de l’orthodoxie de la foi ; surtout quand au dire même de Mgr Fellay, c’est « le bien commun de la Fraternité » qui est en jeu avec « la solution actuelle du statu quo intermédiaire » .
C’est toujours Mgr Fellay qui déclarait :

« Nous ne sommes toujours pas d’accord doctrinalement, et pourtant le pape veut nous reconnaître ! Pourquoi ? La réponse elle est là : il y a des problèmes terriblement importants dans l’Eglise aujourd’hui. Il faut traiter ces problèmes. Il faut laisser de côté les problèmes secondaires et s’occuper des problèmes majeurs. Les autorités officielles ne veulent pas reconnaître les erreurs du Concile. Elles ne le diront jamais explicitement. Cependant si on lit entre les lignes, on peut voir qu’elles souhaitent remédier à certaines de ces erreurs. » (DICI, n°256)

Cela veut-il dire que la confession de la foi n’exige plus le rejet des erreurs contre cette foi ? Et pourquoi la Rome actuelle qui ne fut pas avare de repentances pour les prétendues fautes du passé, ne pourrait-elle pas, dans le présent, se repentir pour de bon et dénoncer ses erreurs à elle ?
Le droit à la liberté religieuse fait-il parti des « problèmes secondaires » ? La déclaration Dignitatis humanae n°2 sur le droit à la liberté religieuse de la personne humaine contredit l’enseignement infaillible de l’Eglise. Vatican II dit que l’homme a un droit naturel de choisir la religion qu’il veut – ou de n’en choisir aucune – et de défendre publiquement ce choix ; et que Dieu se sert des (fausses) religions comme moyen de salut. Cet enseignement détruit la nécessité de la (vraie) foi pour le salut (Celui qui ne croira pas sera condamné, Mc 16,16) et rend l’Incarnation et la Rédemption vaines.

« Je ne comprends pas, disait un moine bénédictin du monastère de Santa Cruz au Brésil, comment Mgr Fellay peut ridiculiser la Fraternité Saint Pie X en déclarant que cette dernière constate des « super hérésies » dans Vatican II. Je ne savais pas que l’Eglise distinguait les super-hérésies, des hérésies et des mini-hérésies. La seule négation d’une vérité révélée suffit pour qu’elle soit totalement rejetée par l’Eglise. »

Mgr Williamson est un évêque sacré par Mgr Lefebvre pour exercer son épiscopat par suppléance. Or un « évêque n’est pas seulement celui qui accomplit matériellement un rite, fut-il traditionnel. Un évêque enseigne et sanctifie par sa doctrine et son exemple de la fidélité à la foi de toujours. » (Mgr Lefebvre, 29 janvier 1989, in Fideliter). Quand Mgr Fellay dit que les textes de Mgr Müller sur plusieurs dogmes de foi « sont plus que discutables », qu’est-ce, sinon de la langue de bois indigne d’un pasteur ? Pour ne pas « altérer la foi », il faut parler clairement : une hérésie est une hérésie… L’inacceptable n’est pas « discutable ».
Les papes post-conciliaires sont des libéraux et des modernistes ; c’est un fait, et contre les faits, il n’y a pas d’arguments qui tiennent. Notre situation canonique restera donc bancale tant que Rome sera anormal. Peu importe que « Rome ne tolère plus » notre résistance ! Par le passé, Rome l’a-t-elle déjà tolérée ? De plus, l’Ecriture nous enseigne que Dieu commande de ne pas entrer en relation avec l’hérétique formel et notoire . Le passage le plus expressif est celui de l’Epître de saint Paul à Tite : « Hominem haereticum … devita » . La Révélation divine a donc prévu que, dans le cas d’un hérétique, fut-il pape, l’Église doit se séparer d’un tel personnage et éviter d’entrer en relation avec lui. Ni plus ni moins.

Mgr Fellay prétend ne pas « se taire devant l’apostasie silencieuse et ses causes »

On l’écoute, mais au lieu de reprendre publiquement Benoît XVI comme fauteur d’erreurs, de libéralisme et de modernisme, on l’entend dire :

« Si le Pape m’appelle, j’y vais tout de suite. Ou plutôt, j’y cours. C’est certain. » (30 Días n° 9, octobre 2002)
Chercher une solution canonique sans un accord doctrinal préalable, c’est faire preuve d’un manque certain de réalisme et d’esprit surnaturel, car depuis Vatican II, les autorités romaines conduisent l’hérésie. On assiste à l’apostasie générale prédite par Saint-Paul. Mais pour Menzingen :

« cette dialectique entre vérité-foi et autorité est contraire à l’esprit sacerdotal. »

Si Menzingen contredit Mgr Lefebvre, qui peut reprocher à Mgr Williamson d’être, quand à lui, fidèle à sa devise épiscopale : « ut fidelis inveniatur »?

Les saints évêques ont toujours été des combattants de la foi, non des politiciens retors. Avant d’accuser Mgr Williamson d’indiscipline, que l’on nous montre en quoi ses Kyrie Eleison ont-ils été outranciers, injurieux ou faux ? En réalité, il n’a fait qu’accomplir son office d’évêque, fidèlement, respectueusement mais aussi fermement :
« Je serais donc devenu votre ennemi, parce que je vous ai dit la vérité ? » (Gal 4, 16)

Au lieu de persécuter Mgr Williamson, Mgr Fellay ferait mieux de laisser l’Eglise jouir de sa prédication. Il n’y a pas à jalouser les dons d’autrui mais il y a lieu de s’en réjouir et de les faire partager.

« [La foule] disait : « Saül a tué ses mille, et David ses dix mille ». Saül fut très irrité, et ces paroles lui déplurent : « On donne dix mille à David, et à moi on donne les mille ! Il ne lui manque plus que la royauté. » Et Saül voyait David de mauvais œil à partir de ce jour. Le lendemain, un mauvais esprit envoyé de Dieu fondit sur Saül … Yahweh était avec David et s’était retiré de Saül… » (I Sam 18, 8-13).

La vérité est avec les « Kyrie eleison» de Mgr Williamson, elle est avec « les réflexions autour de le proposition romaine » de Mgr de Galarreta, elle est avec « l’étrange théologie de Benoît XVI » de Mgr Tissier de Mallerais mais elle n’est point dans les sophismes et les élucubrations sentimentales de Menzingen.

« Les démarches que le Supérieur général » doit « entreprendre pour mettre un terme à cette situation » de crise sont simples. De même que « le jour où la Tradition retrouvera tous ses droits, le problème de la réconciliation n’aura plus de raison d’être » , de même le jour où Mgr Fellay retrouvera tous ses esprits, le problème de la prédication de Mgr Williamson n’aura plus de raison d’être.

Mgr Fellay, en 2002, faisait ces justes réflexions sur la chute de Campos :

« [Campos pense] encore que de la part de Rome, c’est la reconnaissance de la Tradition. Alors que le contraire vient de se passer. Une partie de la Tradition, un mouvement traditionnel, a accepté, avec quelques réserves, certes, la réalité postconciliaire … il faut bien distinguer un manque à la vertu de foi elle-même, d’un défaut dans la confession publique de la foi qui est nécessaire dans certaines circonstances … Or une prévarication comme celle d’Assise réclame cette confession publique… que nous n’avons pas entendue venant de Campos. »

Avez-vous entendu notre Supérieur s’élever contre Assise III, personnellement, publiquement et au nom de la Fraternité ? Non ! Mgr Fellay a annoncé par son secrétaire qu’il laissait liberté aux supérieurs de district de réagir et il n’hésita pas à blâmer ceux qui avaient parlé clairement ! L’abbé Chazal rapporte aussi cette anecdote :

« Je me souviens avoir demandé à Mgr Fellay à Cebu, avant Assise III, s’il ne pouvait pas faire une déclaration retentissante ou un autre geste important quelconque, comme Mgr Lefebvre l’avait fait lors d’Assise I. Tout ce que j’obtins comme réponse fut un NON coléreux, à cause de nos tractations actuelles avec Rome. »

Le cardinal saint Robert Bellarmin écrivait :

« Tout comme il est autorisé de résister à un pape qui commet une agression corporelle, de même il est permis de lui résister, s’il fait du mal aux âmes ou trouble la société et, à bien plus forte raison, s’il cherchait à détruire l’Église. Il est permis, dis-je, de s’opposer à lui en n’accomplissant pas ses ordres et en empêchant que sa volonté soit réalisée. »
(De Romano Pontifice, l. II, c. 29)

Tant que Mgr Fellay voudra entraîner « une partie de la Tradition » dans « la réalité postconciliaire », il devra s’attendre à ce qu’il appelle improprement de l’indiscipline.

Signé: Un prieur, en France.