Sélectionner une page

Illégitimité de la nouvelle messe

Paru sur le forum « Un Evêque s’est levé »

Illégitimité de la nouvelle messe

Ce qui oppose la messe traditionnelle et la messe dite de Paul VI est en effet doctrinal. Et plus que cela. Ce n’est pas seulement la doctrine en un sens, mais le Dogme lui-même qui est en cause. La Messe est un sacrifice vrai et propre et un sacrifice propitiatoire nous enseigne le décret du Concile de Trente sur le sacrifice de la messe (XXIIe session, cf. notamment les canons 1 et 3).

Or pour qu’il y ait sacrifice, il ne suffit pas de vouloir la Présence Réelle et « la présence du Sacrifice de la Croix ». Il ne suffit même pas qu’il y ait immolation (séparation sacramentelle entre le Corps et le Sang du Christ en raison de la double consécration). Il est nécessaire en sus qu’il y ait oblation. En effet, la mort du Christ sur la croix n’aurait pas été un sacrifice, si en sus de cette immolation, le Christ ne s’était pas offert en sacrifice. Pour qu’il y ait sacrifice, il faut qu’il y ait immolation et oblation.

Et comme la messe est un vrai et propre sacrifice, il ne suffit pas qu’il y soit fait mémoire de l’oblation et de l’immolation du Christ. Il ne suffit pas non plus que soit rendue présente (par la double consécration) l’immolation de la Croix parce qu’à la messe il doit y avoir aussi l’offrande d’un sacrifice par le ministre du Christ : une « oblation pure » (cf. canon 1 et chapitres 1 et 2 du même décret tridentin). Car le sacrifice de la messe a raison de sacrifice d’application par rapport au Sacrifice de la Croix qu’elle reproduit.

Et cette oblation nécessaire au sacrifice n’est pas seulement une offrande d’adoration et d’action de grâces. C’est une oblation propitiatoire, et impétratoire. Autrement ce n’est pas le sacrifice d’application du Sacrifice de la Croix.

La dimension oblative du sacrifice de la messe est signifiée par l’offertoire. C’est à l’offertoire que s’attaquèrent les réformateurs du XVIe siècle. C’est à l’offertoire que ce sont attaqués les auteurs du nouvel ordo missae de Paul VI.

La « présentation des dons » du N.O.M., qui a été substituée en 1969 aux prières de l’offertoire traditionnel manque à signifier l’exacte dimension oblative du sacrifice de la messe :

  • Les traductions vernaculaires font disparaître toute dimension oblative : il ne s’agit plus d’offrir, mais de présenter (notez entre parenthèses que les traductions de l’offertoire traditionnel que l’on trouve dans les missels des fidèles édités par le « mouvement liturgique », bien avant 1969, traduisaient déjà systématiquement « offerimus » par « nous présentons ») ;
  • L’édition latine typique (et a fortiori les traductions) a fait disparaître toute finalité propitiatoire : même si l’on offre encore, on n’offre plus une oblation propitiatoire. Ce n’est plus le sacrifice propitiatoire.

A cela on objectera que les prières de l’offertoire traditionnel sont d’apparition relativement récente dans l’histoire de la messe romaine. Elles se sont définitivement imposées avec le missel romano-franciscain du XIIIe siècle et sa diffusion ultérieure. Avant le développement des apologies, repérables dans certains sacramentaires dès le VIIe siècle – mais surtout à partir des Xe et XIe siècles – l’offertoire se limitait (du moins pour ce qui regarde la messe romaine) à l’oraison secrète sur les oblats (c’est-à-dire la secrète), oraison qui n’est pas aussi explicite que les prières dites de l’offertoire traditionnel dans l’expression de la fin propitiatoire du sacrifice de la messe.

Ce à quoi on doit répondre ceci : les prières de l’offertoire traditionnel sont le fruit d’un développement liturgique et d’un désenveloppement dogmatique à partir de l’oraison secrète sur les oblats. Elles sont venues expliciter la signification et la réalité de l’oraison secrète et de l’offertoire, à savoir l’exacte dimension oblative du sacrifice de la messe. Cette signification et cette réalité étaient déjà contenues avant dans la seule oraison secrète ; cette signification et cette réalité ont été désenveloppées par les prières de l’offertoire traditionnel. On retrouve ici l’exacte tradition vivante de l’Eglise : transmettre et expliciter la foi et les sacrements de la foi. C’est un progrès dans l’intelligence, dans la formulation et dans la vie de la foi et des sacrements de la foi.

Avec le N.O.M. de 1969, il ne s’agit pas seulement de revenir à la seule oraison secrète (et les oraisons secrètes elles-mêmes ont été remaniées à partir de 1969), ce qui constituerait déjà une rupture par rapport à la véritable tradition vivante de l’Eglise et poserait déjà un problème dogmatique : l’Eglise et les rites de l’Eglise peuvent-ils non plus progresser dans l’expression (et donc l’intelligence) de la foi et des sacrements de la foi, mais régresser ? Et quelle est la valeur dogmatique d’une telle régression ? Passer du plus explicite ou moins explicite : n’y a-t-il pas là comme une négation de ce qui doit être signifié (et réalisé) ?

Mais avec le N.O.M. de 1969, il ne s’agit pas seulement de cela. L’offertoire n’est pas réduit à la seule oraison secrète sur les oblats. Les prières de l’offertoire traditionnel ne sont plus là pour expliciter l’oraison secrète. Ce sont désormais les prières de la « présentation des dons » qui viennent remplir cette fonction : expliciter. Or qu’explicitent-elles ? L’explicitation qu’elles donnent est autre. C’est une explicitation d’une autre nature : non plus l’oblation d’un sacrifice propitiatoire (et impétratoire), mais au mieux l’oblation d’un simple sacrifice d’adoration et d’action de grâces, et au pire une pure et simple « présentation » (cf. les traductions vernaculaires promulguées par les conférences épiscopales et approuvées par la Rome postconciliaire : donc les traductions officielles).

Concluons.

L’exacte dimension oblative du sacrifice de la messe est signifiée par l’offertoire. La « présentation des dons » du N.O.M. ne l’explicite plus et donc ne signifie plus cette même et exacte dimension oblative. Sachant, selon l’adage bien connu, qu’un rite signifie ce qu’il produit et produit ce qu’il signifie, il en résulte que ladite messe de Paul VI ne contient plus l’oblation du sacrifice propitiatoire qu’est le sacrifice de la messe, et qu’à partir de là ladite messe de Paul VI, si elle est peut-être encore un sacrifice (du moins dans son édition latine typique), n’est plus de soi le sacrifice de la messe.

Autrement dit : de soi, ladite messe de Paul VI n’est pas la Messe.

De soi. C’est-à-dire abstraction faite de l’hypothèse où le ministre pourrait « bricoler » à partir du N.O.M. et y ajouter ce qui lui fait défaut pour être le sacrifice de la messe. On peut penser à une « oblation mentale » du ministre, oblation supposément conforme à l’exacte dimension oblative du sacrifice de la messe.

Quoi qu’il en soit, on comprendra qu’il est impossible de reconnaître pour légitime ou licite un ordo missae – celui de Paul VI – qui dénature l’exacte dimension oblative du sacrifice de la messe. Ce qui de soi n’est plus la Messe ne peut être reconnu comme légitime.

Pour finir

    La « Tradition vivante » du post-concile, on le voit précisément avec le N.O.M., est tout le contraire de l’exacte tradition vivante de l’Eglise.

    L’authentique tradition vivante de l’Eglise consiste à recevoir la foi et les sacrements de la foi tels que l’Eglise nous les a transmis jusqu’à nous : le pape et les évêques les reçoivent, les conservent, les défendent tels qu’ils les ont reçus de leurs prédécesseurs, et en même temps, à partir de là (la foi et les sacrements de l’Eglise tels qu’ils les ont reçus), ils explicitent la foi et les sacrements de la foi. L’Eglise progresse dans l’intelligence et la formulation du Dogme. Les réformes liturgiques viennent enrichir les rites sacramentels existant.

    La fausse « Tradition vivante » du post-concile consiste à mépriser la foi et les sacrements de la foi tels que l’Eglise nous les a transmis jusqu’à Vatican II pour prétendre retrouver – par un « ressourcement », par un « retour aux sources » – une tradition « plus primordiale ». Comme si l’Eglise, entretemps, avait pu rompre avec la Tradition. Ou comme si la tradition ecclésiale vivante n’était pas un mouvement linéaire, mais une succession de cycles où chaque cycle serait en discontinuité plus ou moins affirmée avec le précédent.

    Bref, on l’aura compris, la « Tradition vivante » du post-concile n’est pas un développement homogène. Autrement dit, ce n’est pas l’authentique tradition vivante de l’Eglise. Et donc ce n’est pas et ça ne peut pas être l’autorité ecclésiale qui parle par sa bouche.

N.M.
Sur « Un Evêque s’est levé! »

De la légitimité de la nouvelle messe dans le Préambule doctrinal du 15 avril 2012

De la légitimité de la nouvelle messe dans le Préambule doctrinal du 15 avril 2012

 

Notre bon sens catholique, ce sensus fidei qui guide les âmes vers le Beau, Vrai, le Bien, nous montre tout naturellement que cette déclaration est un texte ambigu, compliqué, qui s’éloigne de la simplicité qui animait un Saint Pie X, un Mgr Lefebvre, un Père Calmel. Leurs textes étaient toujours compréhensibles par le plus simple, le plus ignorant des fidèles. Ils éclairaient l’intelligence, ils distillaient sainement la lumière de la doctrine qui pénétrait ainsi profondément dans les âmes.
Peut-on avoir ce même jugement concernant cette déclaration doctrinale ? De l’aveu même de l’abbé Thouvenot non puisqu’il va falloir l’expliquer aux prêtres dans le prochain dans Cor Unum. Mais n’est-ce pas le propre d’un texte moderniste et libéral d’être ambigu, de pouvoir être lu, interprété de différentes manières, et de devoir donc être expliqué pour que tout le monde s’accorde sur la bonne interprétation, bonne interprétation qui pourra d’ailleurs changer en fonction des circonstances ?

Je n’essayerai pas d’expliquer toutes les ambiguïtés et les erreurs contenues dans ce texte, j’en laisse le soin aux théologiens et aux prêtres mieux qualifiés.

Cependant je ferai ces quelques remarques concernant les nouveaux sacrements et particulièrement la nouvelle messe qu’un simple fidèle est en droit de faire car il en va de son âme et nous n’avons qu’une âme, et une seule, à sauver.
Première remarque : dans ce préambule doctrinal du 15 avril 2013 il est affirmé :
« Nous déclarons reconnaître la validité du sacrifice de la Messe et des Sacrements célébrés avec l’intention de faire ce que fait l’Eglise selon les rites indiqués dans les éditions typiques du Missel romain et des Rituels des Sacrements légitimement promulgués par les papes Paul VI et Jean-Paul II. »

Or jusqu’à peu j’ai toujours entendu dire que la nouvelle messe est illégitime. Dans son dernier éditorial aux Amis et bienfaiteurs notre supérieur de District n’écrit-il pas :
« La nouvelle messe ne saurait donc plaire à Dieu parce qu’elle est trompeuse, nocive et équivoque : « Elle ne saurait faire l’objet d’une loi obligeant comme telle toute l’Eglise. En effet, la loi liturgique a pour objet de proposer avec autorité le bien commun de l’Eglise et tout ce qui est requis. La nouvelle messe de Paul VI représentant la privation de ce bien ne saurait faire l’objet d’une loi : elle est non seulement mauvaise mais illégitime, en dépit de toutes les apparences de légalité dont on a pu l’entourer et dont on l’entoure encore. » (Abbé Jean-Michel Gleize : « Vatican II en débat » page 63.) http://www.laportelatine.org/district/france/bo/lab80_130103/lab80_130103.php
Alors aujourd’hui qui devons-nous croire : le Supérieur général qui a rang d’évêque, monsieur l’abbé de Cacqueray, supérieur du District de France, le théologien qualifié qu’est l’abbé Gleize ? Cette question de la légitimité ou pas de la nouvelle messe est pourtant une question cruciale du combat de la Tradition pour préserver la doctrine et la Foi de toujours et pour que notre appartenance à la Tradition ne se réduise pas seulement à une affaire de sensibilité.

Deuxième remarque : depuis juin l’on nous dit que Mgr Fellay n’a pas pu signer le 13 juin un accord basé sur ce Préambule doctrinal car Rome lui demandait de reconnaître le concile VII et la licéité de la nouvelle messe. Ce terme de licéité n’était pas employé avant dans nos milieux. Intrigué, j’ai vérifié les définitions dans différents dictionnaires et j’ai pu constater que légitimité et licéité veulent dire à une nuance très subtile la même chose.

Licéité :
En théologie :  qualité de ce qui est objectivement bon
Droit canon :
caractère d’un acte permis par la loi. « Toutes les conditions sont observées pour que le sacrement soit administré conformément aux exigences de la morale et du droit canonique. (…) la licéité et la validité posent des conditions à la fois dans le ministre, le sujet et le sacrement (Théol. cath.t. 14, 11939, p. 635). »

Légitimité :
Qualité, état de ce qui est légitime, conforme au droit, à la loi.
Conformité de quelque chose, d’un état, d’un acte, avec l’équité, le droit naturel, la raison, la morale.

Légitime :
Qui est conforme au droit positif.
Qui est conforme à l’équité; qui est fondé sur le droit naturel, la morale, la loi divine.
Qui est dicté, justifié, explicable par le bon droit, le bon sens, la raison.
J’en conclus que maintenant à la Fraternité certains sont passés :

– de la seule reconnaissance de la validité des nouveaux sacrements « célébrés avec l’intention de faire ce que fait l’Eglise » (ce qui était l’opinion de Mgr Lefebvre)

– à également la reconnaissance de leur légitimité donc de leur conformité à la loi divine selon la définition ci-dessus (légitimité que Mgr Lefebvre a toujours contestée)

– mais qu’ils nient encore à ces nouveaux sacrements leur licéité c’est-à-dire qu’ils soient objectivement bons.

Or si quelque chose est légitime car conforme à la loi divine, cette loi divine ne pouvant être que bonne puisque issue de Dieu, cette chose a donc obligatoirement la qualité de ce qui est objectivement bon. Par voie de conséquence, si les nouveaux sacrements sont légitimes ils sont alors conformes à la loi divine objectivement bonne, et ils acquièrent donc ce caractère objectivement bon qui fait leur licéité. En conclusion, plus rien de formel ne s’oppose à ce que nous assistions ou recevions ces nouveaux sacrements, seule notre sensibilité pourrait nous en détourner.
Pour conclure, si certains dans la Fraternité admettent la légitimité de la nouvelle messe ils admettent alors implicitement sa licéité. Ou alors nous concluons qu’ils n’ont pas la même définition des termes. Ou alors qu’ils ne sont pas à une contradiction près. Ce que nous avions d’ailleurs remarqué.

Pour nous fidèles, le plus conforme à la loi divine et le plus sage pour le bien de nos âmes est de s’en tenir à l’opinion de Mgr Lefebvre :

« … cette union voulue par les catholiques libéraux entre l’Église et la Révolution est une union adultère ! De cette union adultère ne peut venir que des bâtards. Et qui sont ces bâtards ? Ce sont nos rites. Le rite de la nouvelle messe est un rite bâtard. Les sacrements sont des sacrements bâtards. Nous ne savons plus si ce sont des sacrements qui donnent la grâce ou qui ne la donnent pas. Nous ne savons plus si cette messe nous donne le Corps et le Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ ou si elle ne les donne pas. » (Sermon de Mgr Lefebvre à Lille le 29 août 1976)

Un fidèle

Pour aider Monsieur l'abbé Rioult

Nous contacter

Articles par mots clefs

Archives