Le 19 mars 2015, Mgr Richard Williamson a procédé à la consécration épiscopale de l’abbé Jean-Michel Faure, au monastère bénédictin Santa Cruz de Nova Friburgo (Brésil).
Les libéraux gémissent et font valoir que – soit-disant – l’état de nécessité ne justifierait pas le sacre effectué par Mgr Williamson. Le grand Ennemond-J.R.duCray, représentatif de ce que ses maîtres pensent à Menzigen, avait expliqué en 2013 que Mgr Williamson n’aurait pas de légitimité à sacrer, à moins de « prouver qu’il y a une urgente nécessité » qui n’existerait pas tant que vivent les évêques de la FSSPX… MetaBlog avait répondu par un argument ad hominem, que le 28 juillet 1991, la FSSPX (par Mgrs Tissier de Mallerais, de Galarreta, et Williamson) avait sacré Mgr Licinio Rangel sans aucune « urgente nécessité » (Sacrera ? Sacrera pas ?, 14 janvier 2013)
Mais la vraie réponse est que depuis Vatican II, les catholiques sont dans un continuel état de nécessité. Aujourd’hui comme en 1981 pour les sacres de Toulon par Mgr Ngo Dinh Thuc ou en 1988 pour les sacres de Mgr Lefebvre…
« À partir de Jean XXIII, on peut dire qu’on n’est plus dans un temps normal de l’Eglise. » (Mgr Lefebvre, Ecône, Cospec 111-B, 1984)
La vraie réponse est que Rome est toujours dans l’apostasie :
« […] il ne faut pas avoir peur d’affirmer que les autorités romaines actuelles depuis Jean XXIII et Paul VI se sont faites les collaboratrices actives de la Franc-Maçonnerie juive internationale et du socialisme mondial. Jean Paul II est avant tout un politicien philo-communiste au service d’un communisme mondial à teinte religieuse. [… L’] occupation de Rome par les maçons a permis l’infiltration dans l’Eglise, du modernisme et la destruction de la Rome catholique par les clercs et les Papes modernistes qui s’empressent de détruire tout vestige de « Romanité » […]. Tout est à restaurer in Christo Domino, à Rome comme ailleurs. » (Mgr Lefebvre, Itinéraire spirituel)
La vraie réponse est aussi qu’il est toujours nécessaire d’avoir des prêtres catholiques vrais et certains pour célébrer la vraie messe et administrer les sacrements. Les nouveaux rites d’ordination étant tout au moins douteux, les prêtres et les évêques sont douteusement prêtres et douteusement évêques.
« Une seule chose est nécessaire pour la continuation de l’Eglise catholique : des évêques pleinement catholiques, sans aucune compromission avec l’erreur, qui fondent des séminaires catholiques, où des jeunes aspirants pourront se nourrir au lait de la vraie doctrine, mettront Notre-Seigneur Jésus-Christ au centre de leurs intelligences, de leurs volontés, de leurs cœurs ; une foi vive, une charité profonde, une dévotion sans bornes les uniront à Notre Seigneur. » (Mgr Lefebvre, Itinéraire spirituel)
Il fallait donc sacrer…
Car on voit mal comment Mgr Fellay pourrait préférer sacrer et être à nouveau “excommunié” plutôt que de se rallier puisqu’il y travaille activement depuis plus de 15 ans… Pour la Maison Générale, il faut « reconnaître les autorités ecclésiastiques » et « romaines » pas seulement « de façon purement rhétorique » (DICI, 19/03/2015). Pour Mgr Fellay, les abbés Pfluger et Nély, la Fraternité doit éviter de « faire des erreurs du Concile des super hérésies ». Et, « à la question cruciale entre toutes, celle de la possibilité de survivre dans les conditions d’une reconnaissance de la Fraternité par Rome, nous n’arrivons pas à la même conclusion que vous [Tissier, de Galarreta, Williamson] » et « pour le bien commun de la Fraternité, nous préférions de loin la solution actuelle du statu quo intermédiaire, mais manifestement, Rome ne le tolère plus. » (Lettre du Conseil Général, 14 avril 2012). Etc.
Il fallait donc sacrer… Car, « quand l’ennemi a le pouvoir, quand la tête est pourrie ou contaminé par le libéralisme, on ne peut rien faire pour éviter la contagion au corps. » (Mgr Lefebvre, Ecône, 27 octobre 1983)
Il est bon de se rappeler comment l’abbé Schmidberger relatait les consécrations épiscopales de 1988 pour comprendre que la Néo-FSSPX est incapable d’assumer le trésor de la FSSPX.
« Le grand événement, non seulement pour la Fraternité, mais encore pour toute la famille de la Tradition et aussi pour toute l’Eglise est la consécration épiscopale du 30 juin à Ecône. « Le sacre de ces évêques va être un puissant coup frappé contre le démon qui s’est implanté partout », me disait Monseigneur Lefebvre quelques jours auparavant. Il a tout à fait raison de juger ainsi, rien qu’à la réaction furibonde des progressistes : la perplexité s’y mêle à la haine, au sarcasme et à la constatation de leur impuissance. En vitesse, la Rome de tendance néomoderniste a recouru au canon de gros calibre : « acte schismatique », « excommunication des consacrants et consacrés », « excommunication ipso facto », menace planant sur tous ceux qui « adhèrent formellement au schisme »… » 80 % des fidèles vont se distancer de la Fraternité », etc. Or il en fut tout autrement dès le premier instant, cet épiscopat s’avéra être une réelle bénédiction pour la sainte Eglise : La primauté de la foi en est de nouveau ressortie lumineusement. Les fidèles se sont trouvé saisis d’un dynamisme surnaturel, en eux s’est éveillé l’esprit des confesseurs et des martyrs. L’œcuménisme destructeur a été réduit à l’absurde. Le nombre des fidèles qui assistent à la messe dans les diverses chapelles a augmenté notablement. L’ordination sacerdotale de nos séminaristes pour la messe traditionnelle est assurée : la lampe perpétuelle de nos sanctuaires ne s’éteindra pas ! » (Cor unum n°31 d’octobre 1988)
L’opération survie de la Tradition continue donc, et ce malgré les réprobations et les dénonciations de la Maison Générale de la Fraternité Saint-Pie X.
Si la “résistance” à la trahison de Menzingen groupée autour de Mgr Williamson et de Mgr Faure n’est pas – loin s’en faut – toute l’Eglise, pas plus d’ailleurs que la FSSPX et ses “communautés amies”, la consécration de l’abbé Faure dans cette crise de la foi qui secoue la chrétienté depuis plus de cinquante ans, sera, potentiellement, et à long terme, pour le bénéfice de l’Eglise entière.
Un dernier texte nous permettra de mesurer la nécessité du sacre de Mgr Faure.
Il s’agit d’un mot du Supérieur général de la Fraternité, datant du 12 mai 1989, qui manifeste ce qu’était l’esprit de combat d’antan et, malheureusement, par contraste, comment la tête pervertie de la Néo-FSSPX pèche aujourd’hui par omission et par compromission.
« Des circonstances extraordinaires exigent des moyens et des voies extraordinaires. […] Les sacres et le coup porté par Rome ont été l’occasion de l’infidélité de 15 prêtres, qui ont aujourd’hui pratiquement déserté le combat pour la vérité, en mettant sur le même pied le saint sacrifice de la Messe et la liturgie des novateurs, tout en s’en tenant encore matériellement au rite de la tradition. […] Soyez prudent vis-à-vis des tentatives de rapprochement de la part de membres de la Fraternité Saint Pierre ou des moines du Barroux. Ces gens ne comprendront leurs torts que si nous refusons toute discussion avec eux, jusqu’au jour où, après contrition et conversion, ils se tiendront à nouveau avec nous dans le combat pour les droits du Christ Roi. Dans l’immédiat, Rome va tenter par les lâcheurs de nous faire lâcher. Pour tenir fermes nous aurons besoin d’une bonne capacité de résistance à l’usure. Prions l’Esprit de force ! Le combat pour Dieu et pour l’Eglise va être de longue haleine et fatigant. » (Abbé Schmidberger, Cor unum, n°33 juin 1989)