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Le mot du Supérieur général – Cor Unum N° 104 de Mars 2013

par | Mai 8, 2013 | Cor Unum N° 104 Mars 2013, Déclaration doctrinale, Documents officiels, Mgr Fellay

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español: Non Possumus (Mexique)

Le mot du Supérieur général

Chers membres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X,

         Un événement important pour l’Eglise vient de s’accomplir, événement surprenant, rare aussi, mais dont on devine qu’il sera lourd de conséquences: la démission d’un Souverain Pontife. Sans nous attarder sur les motifs de la renonciation de Benoît XVI et en considérant que les raisons de santé données (perte de forces pour assurer le bon exercice de la fonction) peuvent bien suffire pour expliquer ce qui s’est passé, nous aimerions brièvement réfléchir sur les possibles conséquences de cet acte sur notre Fraternité. Car à démission correspond l’élection d’un successeur, ce qui est désormais chose faite avec le pape François.

         Il semble bien que cette élection est encore plus surprenante que celle qui l’a précédée. Que va nous réserver le nouveau successeur de Pierre? Il est manifestement tellement hors normes, il se veut si original que nous devons conserver la plus grande prudence avant de porter un jugement, et ce tant que nous ne le verrons pas à l’œuvre. Néanmoins de nombreux éléments nous poussent à un certain pessimisme, la joie des progressistes et des modernistes suffisent amplement à nourrir notre inquiétude. Il semble bien que les préoccupations de Benoît XVI en faveur d’une certaine restauration, au moins liturgique, vont être mises de côté, et qu’un autre accent sera mis dans l’Eglise. La parole déjà entendue plusieurs fois dans la bouche des modernes est que “la parenthèse est refermée”.

         Le Pape François va-t-il restaurer l’Eglise en luttant efficacement contre la corruption morale, ou l’enfoncer davantage en poursuivant l’application des réformes de Vatican II? Ces deux hypothèses ne sont certes pas exclusives l’une de l’autre.  En tout cas l’avenir nous le dira bientôt. Il nous suffit d’attendre pour cela le nom des personnes  qui seront appelées aux postes de gouvernement dans la curie. Si les progressistes semblent avoir déjà chanté le requiem de l’ancienne liturgie, qu’en sera-t-il de la prédication intègre de la foi, du développement de l’œcuménisme? Y aura-t-il une réforme effective de la curie? Videbimus.

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         Pour nous, un nouveau pontificat doit être l’occasion d’une part de redoubler de prières, et d’autre part aussi de resserrer les rangs. Depuis de longs mois, précisément depuis le mois de juin 2012, nos relations avec Rome sont de nouveau gelées. Nous ne pouvions en effet que refuser de nous avancer sur la base d’un texte promouvant l’herméneutique de la continuité  et voulant nous entraîner dans le sillage de Vatican II: le Préambule doctrinale du 14 septembre 2011, que nous avions repoussé avec fermeté, mais qui était repris en substance le 15 juin 2012. Et, bien évidemment, il est encore moins question de s’aventurer vers une normalisation canonique tant que la partie doctrinale n’aura pas été réglée dans le sens des conditions édictées par le dernier chapitre. Certains pourtant cherchent à répandre le bruit contraire, en prétendant que Menzingen veut à tout prix un accord avec la Rome moderniste, comme ils disent. Nous tenons à rassurer ceux qui auraient permis au doute d’entrer dans leur cœur: Il n’en est absolument pas question.

         Nous pensons aussi devoir attirer votre attention sur les manœuvres de déstabilisation opérées tant du dehors par Mgr Williamson et les prêtres qui sont avec lui, que du dedans par ceux qui, en suivant d’ailleurs les conseils donnés par Mgr Williamson, voudraient fonder des sortes de “maquis”, où des prêtres se livreraient, sous couvert de l’anonymat, à un  véritable travail de sape, sous prétexte de conserver la fidélité de Mgr Lefebvre et de préserver la Fraternité d’un soi-disant accord suicidaire avec l’Eglise conciliaire. Derrière ce mur de fumée, il est établi que le but poursuivi est la démission du Supérieur général, et tout leur semble être permis pour arriver à ce but. Peu importe les déclarations, les sermons et les conférences qui affirment le contraire, on va chercher à la loupe tout ce qu’on pourrait comprendre de travers pour, dans un incroyable procès d’intention, discréditer l’autorité et la faire passer pour menteuse et sournoise. C’est une réelle entreprise de subversion, qui sème la méfiance parmi les prêtres et les fidèles, et déstabilise le gouvernement de notre société en vue de l’affaiblir ou de l’abattre.

         L’unité se fait bien évidemment d’abord autour de la foi catholique, que nous voulons défendre et conserver. Mais ce combat propre à notre temps ne doit pas nous faire oublier que le lien de l’unité ne se limite pas à la seule foi. La justice et la charité le complètent. La justice réclame que l’on respecte la vérité au sujet de tous, que l’on écarte les préjugés, les condamnations toutes faites, sans connaissance de cause, que l’on ne s’arroge pas des pouvoirs de juge que l’on n’a pas. Elle exige le respect de l’ordre établi dont on ne saurait s’affranchir à moins d’une nécessité majeure, comme celle qui frappe à l’évidence l’Eglise d’aujourd’hui.

Pour restaurer cette unité, la charité et la prudence interviennent aussi: chacun devrait avoir suffisamment de bon sens et d’équilibre pour ne pas subitement  voir dans son confrère un ennemi ou un traître. Or c’est ce que produit la zizanie. Ne laissons pas la place dans nos cœurs pour ces sirènes qui cherchent à affoler faussement notre petit monde de la Tradition par une méchante dialectique. Ne laissons pas de place à une méfiance mutuelle qui gangrénerait et diviserait inutilement.

Aucune société ne peut survivre bien longtemps sans un minimum d’union des esprits et des cœurs. Voilà pourquoi organiser une situation de constante opposition aux supérieurs est insoutenable, car elle rend l’atmosphère empoisonnée pour tout le monde, et finalement détruit les relations nécessaires et normales entre les membres et leur hiérarchie. Cela n’est d’ailleurs pas nouveau. Dés les débuts de la Fraternité, Monseigneur Lefebvre avait du intervenir à cause de semblables dialectiques porteuses de division et de stérilité.

Pour en rester sur le terrain des faits, le présent numéro de Cor Unum poursuit la publication des documents faisant suite aux propositions romaines de septembre 2011 et aux réponses qu’elles avaient reçues. En ce qui concerne le texte de la déclaration doctrinale qui avait tant agité les esprits l’an passé, je vous laisse vous reporter au texte introductif que j’ai rédigé en vue de le relacer dans son contexte.

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Regardons à présent vers l’avenir, avec des âmes rassérénées. Que la Providence est bonne, qui nous permis de consacrer toute la Fraternité à Saint-Joseph précisément au moment où le nouveau pape inaugurait son pontificat.  Même si une période encore plus troublée pour l’Eglise devait s’ouvrir, nous avons une très grande confiance en saint Joseph que le dernier chapitre a voulu associer à Notre-Dame, au Cœur Immaculée de Marie, pour que nous bénéficiions d’une protection encore plus grande! Vivons bien cette consécration, aimons à intensifier notre affection, notre amour pour ceux que Notre-Seigneur à associé le plus intimement à son œuvre de Rédemption, et donc aussi à notre salut.  Qu’il daigne nous guider, nous protéger, nous bénir dans la poursuite de notre but si sublime de sauver les âmes, par un sacerdoce toujours renouvelé et sanctifié à l’autel du Sacrifice de Notre-Seigneur-J&sus-Christ.

Que les mystères que nous vivons en cette semaine Sainte et en ces temps de l’histoire de l’Eglise nous aident et nous purifient toujours davantage, et cela au moment où nous commémorons le départ pour l’éternité de notre vénéré fondateur. Daigne Monseigneur Lefebvre veiller sur nous tous. Lorsque vous lirez ces lignes, le temps pascal aura répandu sa joie, une joie qui n’est pas de ce monde, et que rien ne saurait nous enlever. Face à la crainte ou au désespoir qui habite tant d’âmes, qui les paralyse ou les aigrit, soyons de ces âmes magnanimes, simples et grandes, vainqueurs de ce monde par une foi conquérante et une authentique charité missionnaire.

Chers membres de la Fraternité, je vous bénis chacun par l’intercession de Notre-Dame de l’Annonciation et de saint-Joseph son chaste époux, et prie le Bon Dieu de bénir toutes vos œuvres et de récompenser toutes les peines que vous vous donnez pour faire triompher son saint Nom.

Menzingen, le 25 mars 2013

+Bernard Fellay

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