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4) Avons-nous de la haine pour « la liberté religieuse » ?

par | Avr 22, 2013 | Amour de la Vérité

Saint-Pie X

Saint-Pie X

Outre les citations des saints et des docteurs, les enseignements de l’histoire sont utiles. Que d’exemples historiques de compromissions avec le mal qui ont donné des fruits amers : pensons aux semi-ariens qui ont fait traîner en longueur l’arianisme pendant des siècles, aux semi-pélagiens qui ont empoisonné la vie spirituelle, à Clément XIV qui, par la suppression des jésuites, a laissé la voie libre à la Révolution. Et le concordat de Pie VII n’a-t-il pas sauvé la Révolution au dire même de Napoléon ? Le ralliement de Léon XIII n’a-t-il pas désarmé la résistance catholique ? La condamnation de l’Action Française par Pie XI, malgré sa réhabilitation sous Pie XII, n’a-t-elle pas décapité l’élite contre-révolutionnaire de France ?

« Chacun de ces événements historiques mériterait d’être étudié en détail, et sans doute le jugement définitif n’est pas toujours aisé. Mais il reste quand même un principe général qu’on peut dégager sans craindre de se tromper : tout compromis avec l’erreur entraîne la ruine. Si ce compromis est le fait d’une trahison, cette ruine sera le juste châtiment de Dieu. S’il est le fruit d’une imprudence, mais que l’âme reste droite, il entraînera des inquiétudes, une perte de force, d’où des échecs qui seront des avertissements de Dieu pour revenir à l’affirmation tranquille de la vérité. » (Père Pierre Marie O.P.)

Les pasteurs vigilants savent que pour sauvegarder la vérité, il faut pourchasser l’erreur. Le pape Pie IX, en 1864, condamnait 80 propositions dans le Syllabus. En 1907, le pape saint Pie X condamnait 65 erreurs modernistes dans le décret Lamentabili. En 1953, Mgr de Castro-Mayer publiait un Catéchisme des vérités opportunes qui s’opposaient aux erreurs contemporaines. En 1983, Mgr Lefebvre et Mgr de Castro-Mayer faisaient la liste des principales erreurs qui se répandaient dans l’Église, demandant à Jean-Paul II, dans une lettre publique, de les condamner. En 1985, ils firent cette solennelle mise en garde au pape :

« Le changement opéré dans l’Eglise dans les années soixante s’est concrétisé et affirmé dans le Concile par la « Déclaration sur la Liberté Religieuse » : accordant à l’homme le droit naturel d’être exempt de la coaction que lui impose la loi divine d’adhérer à la Foi catholique pour être sauvé […]. De cette Déclaration sur la Liberté religieuse découle comme d’une source empoisonnée :

L’indifférentisme religieux des états, même catholiques, réalisé depuis 20 ans à l’instigation du Saint Siège. 

L’oecuménisme poursuivi sans relâche par Vous-même et par le Vatican, oecuménisme condamné par le Magistère de l’Eglise et en particu­lier l’Encyclique Mortalium animos de Pie XI. 

Toutes les réformes accomplies depuis 20 ans dans l’Eglise pour complaire aux hérétiques, aux schismatiques, aux fausses religions et aux ennemis déclarés de l’Eglise tels que les Juifs, les communistes et les francs-maçons.

Cette libération de la coaction de la Loi divine en matière religieuse […] ruine toute autorité dans tous les domaines, spécialement dans celui de la moralité. Nous n’avons cessé de protester au Concile et depuis le Concile contre le scandale inconcevable de cette fausse liberté religieuse, […] nous appuyant sur les documents les plus solennels du Magistère de l’Eglise […]. C’est pourquoi, si le prochain Synode ne retourne pas au Magistère traditionnel de l’Eglise en matière de liberté religieuse, mais confirme cette grave erreur, source d’hérésies, nous serons en droit de penser que les membres du Synode ne professent plus la Foi catholique. […] Si le Synode, sous Votre autorité, persévère dans cette orientation, Vous ne serez plus le Bon Pasteur. »

Fortes paroles qui manifestent bien chez monseigneur Lefebvre et monseigneur de Castro-Mayer le grand amour de la vérité et le souci de protéger et sauver les âmes.

Bossuet au sujet de « la condescendance chrétienne », faisait remarquer qu’elle devait « être dans la charité, et non pas dans la vérité ; il faut que la charité compatisse, et non pas que la vérité se relâche. »

« La différence essentielle qui existe entre notre manière de voir et celle des libéraux, consiste en ce qu’ils considèrent les apôtres de l’erreur comme de simples citoyens libres, usant de leur plein droit lorsqu’ils opinent en matière de religion autrement que nous. Par suite ils se croient tenus de respecter l’opinion de chacun et de n’y contredire que dans les termes d’une discussion libre. Nous autres, au contraire, nous voyons en eux les ennemis déclarés de la foi que nous sommes obligés de défendre. » (Don Felix Sarda y Salvany).

Bourdaloue

Louis Bourdaloue

Bourdaloue remarquait que la désolation du christianisme était venue dans tous les temps beaucoup moins des peuples que de ceux qui devaient les conduire. En 1846, Notre Dame de la Salette prophétisait : « Les chefs, les conducteurs du peuple de Dieu ont négligé la prière et la pénitence, et le démon a obscurci leurs intelligences; ils sont devenus ces étoiles errantes que le vieux diable traînera avec sa queue pour les faire périr ». Des exemples d’aveuglement chez les « conducteurs du peuple de Dieu », on en a toutes les semaines ! Le cardinal Barbarin attaquait d’un côté le projet républicain de ‘mariage’ gay, mais comme s’il avait peur d’être allé trop loin et d’avoir offenser ‘Dame Liberté’, il précisait aussitôt qu’« à l’intérieur de l’Eglise, beaucoup d’homosexuels ont laissé un héritage extraordinaire » (sic !). L’évêque de Saint-Dié des Vosges, quant à lui, lors de l’inauguration de la nouvelle mosquée d’Epinal, déclarait : « Enfin cette communauté peut exercer son culte de façon digne et belle. » (Rivarol, n° 3061, 21/9/2012). Le cardinal Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, sur Radio Vatican, le 18 octobre 2012, précisait la position du Saint-Siège face à l’islam. Au sujet du « dialogue de l’altérité », il déclarait : « Celui qui a une autre manière de croire que moi n’est pas fatalement un ennemi […] il est un pèlerin de la vérité » ; et au sujet du « défi du pluralisme » : « Celui-ci n’est pas totalement négatif. Nous croyons que Dieu est à l’oeuvre dans chaque homme. Nous croyons qu’il y a des parcelles de vérité qui se trouvent dans les autres religions… »

Lefebvre mayer

Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Mayer lors des sacres de 1988

A la racine du libéralisme on trouve donc un manque de courage pour condamner l’erreur. Le libéralisme a pénétré officiellement dans l’Église le jour où on a adopté le droit à liberté religieuse. Il s’agit là de l’erreur fondamentale du concile, de l’erreur la plus grave. Si on admet la liberté religieuse, il est clair qu’on doit s’adapter à la situation de pluralisme religieux et tâcher de vivre en bonne entente avec les autres religions, et c’est le rôle de l’œcuménisme. De même si on admet la liberté religieuse, il faut adopter une forme de gouvernement qui favorise la liberté, et ce sera le rôle de la collégialité, qui n’est autre chose que l’introduction de la démocratie dans l’Église. On sait que les ennemis de la religion ont bien compris depuis plus de deux siècles que l’instauration de la liberté religieuse était le moyen le plus efficace pour la destruction de la foi catholique. Ils l’ont imposée lors de la Révolution dite française et les diverses tentatives de restauration n’ont pas osé remettre en cause cette liberté. On sait aussi que la franc-maçonnerie juive (B’naï Brith) a manœuvré, grâce au cardinal Béa, pour que l’Église adopte cette doctrine de la liberté religieuse au concile.

Jean-Paul II, au nom de Vatican II, a fait l’éloge de l’article 18e de la déclaration universelle des droits de l’homme des Nations-Unies qui affirme :

« Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seul ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites. »

À la réunion inter-religieuse du Vatican, en 1994, Jean-Paul II déclarait :

« La liberté religieuse est la pierre angulaire de toutes les libertés. »

Or ce cri de ralliement de la société moderne de « Vive la liberté » n’est autre que le cri de révolte du grand ennemi de Dieu et des hommes. L’Église, par sa pratique multi-séculaire de coercition vis-à-vis de l’erreur religieuse, a montré que les fausses religions n’ont aucun droit. La liberté, et en particulier la liberté religieuse, c’est l’étendard de Satan. Et c’est avec une infinie tristesse que nous constatons que le pape et les évêques, défenseurs de cette liberté religieuse, servent ainsi admirablement les plans du démon. Jean-Paul II a favorisé l’hérésie moderne des droits de l’homme et c’est un tel pape qui professe de telles erreurs que Benoît XVI a prétendu béatifier !

« C’est pourquoi il ne faut pas s’étonner que nous n’arrivions pas à nous entendre avec Rome. Ce ne sera pas possible tant que Rome ne reviendra pas à la foi dans le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, tant qu’elle donnera l’impression que toutes les religions sont bonnes. » (Mgr Marcel Lefebvre “Le Libéralisme”, Sierre (Suisse) le 27.11.1988).

(à suivre) Abbé Olivier Rioult